Courte évasion [sujet fini]

Mon iPod me rendait sourde, j'avais l'impression que ma tête allait exploser. J'avais toujours un de ces groupes sur mon lecteur, un de ces groupes que je n'aime pas forcément, un de ces groupes que je n'écouterais jamais en dehors de ces moments. Ce moment. Comme maintenant. Un de ces groupes que je n'écouterais que quand j'avais besoin d'un défouloir, ou simplement d'un bruit insupportable qui bloquerait mon cerveau; l'empêcherai de réfléchir.

Je mettais rageusement un pied devant l'autre, incertaine d'où j'irai, mais pourtant j'avançais à vive allure. J'allais en direction de l'école - qui dit le centre-ville de Forks, car j'ignorais ce qu'il y avait de l'autre côté. Alors que je marchais, j'essayais de réfléchir par delà la musique: que s'était-il passé en fin de compte ? Il avait fait du bruit dans son "repère secret de psychopathe acharné", un bruit que j'avais entendu, un bruit qui avait éveillé mon attention. C'est lui qui m'a fait venir à la porte, et m'inquiéter. Je n'ai fait que ce que toute personne sensée aurait fait : vérifier si tout va bien. Chose que lui, un être supérieur qui... Cet homme qui criait dans mes oreilles me rendait folle. J'avais définitivement passé la phase de "si je réfléchis je pète un cable", donc je peux repasser à de la musique qui ne détruit pas mes tympans à chaque mesure. Je sortai donc l'iPod de ma poche et opta pour une musique moins dévastatrice. Oké donc... où en étais-je ? Ah oui. Donc, un être supérieur qui a l'air d'en avoir rien à faire des autres humains, ne comprends probablement pas. Rien n'est de ma faute ! Il n'avait qu'à pas être si énigmatique et sournois... d'accord, il m'avait dit de pas m'approcher de la porte, et alors ? C'était un réflexe ! Il aurait peut-être préféré que je le laisse crever dans sa cave puante ? Je me promis que c'est ce que je ferais la prochaine fois.

Il commençait à y avoir des choses, sur le côté de la route. D'abord une maison où j'ai pu apercevoir la lumière de la télévision à travers la fenêtre côté rue, puis je dépassais encore quelques habitations dont une seulement était illuminée, c'est seulement après un kilomètre de plus que je passai devant un café plutôt animé. Plus loin, j'aperçus un petit parc à droite. Il était un peu reculé entre les arbres, juste assez pour que certains endroits soient à l'ombre du lampadaire. Je pouvais y accéder par un sentier sableux. Là, au moins, personne ne viendra me déranger ~~là, au moins~~.

Je m'engageai donc dans ce sentier éclairé par deux vieux lampadaires. Un coup de vent me fit frissonner. Mon manteau léger (premier que j'avais vu en sortant) n'étais définitivement pas adapté à la météo, une fois de plus. Je crois que j'ai un don pour m'habiller exactement comme il ne faut pas que je m'habille, car j'aurais trop chaud ou trop froid. Je soupirai. Ma propre bêtise me faisait profondément rire. Quelle situation de... il n'y a pas d'autre mot que "fou". Je crois... peu importe.

Je m'assis sur un banc. Aïe... le bois était humide. Il a dû pleuvoir pendant que je prenais mon bain ou... après. Au point où j'en étais, je n'en avait plus rien à faire, et m'installa pour près dire convenablement. En levant les yeux, je réalisai qu'il faisait soudain très noir. Il n'y avait pas de lampadaires dans le parc... ou s'il y en avait, ils étaient éteints. Du banc où j'étais assise, je pouvais apercevoir la route en regardant entre quelques branches, mais j'étais dans un pénombre plutôt inquiétant. Seul les lumières de la rue, des tons jaunâtres, éclairaient faiblement l'endroit où j'étais. Ca parait assez inquiétant comme description ? Oui... mais je n'en avait que faire. De toute manière, j'étais trop occupée à écouter une de ces chansons avec des paroles magnifiques pour lever les yeux.

Je regardais le ciel. Il faisait sombre, pourtant il faisait quelque chose autour de huit heures et demi. Il faut dire, le mot d'octobre s'achevait, et les premiers grands froids se faisaient redouter. L'hiver serait tôt cet année... ou pas. C'était trompeur, les années passées. Il faisait plutôt nuageux, et je pouvais apercevoir en somme que trois étoiles. Dommage,
ç'aurait été vraiment extraordinaire.

Soudain, les buissons qui se trouvaient à environ cinq mètres de moi bougèrent. J'eu l'impression en tout cas. C'était le vent ou... autre chose ? * Jess... tu deviens complètement parano ! * et la petite voix avait sûrement raison. Je dépassais les bornes. Moi qui m'étais à moitié assise, je me recouchai sur le bois humide, mais diminuai le volume de mon iPod... juste pour si jamais. J'entendais à moitié les voitures passes sur la route. J'entendais le vent et... d'autres bruits. Cette fois il n'y avait plus de toute, quelque chose se cachait entre les arbres.

Allongée sur le canapé de ma chambre, je fermai les yeux, essayant de dormir. Je pensais franchement devenir folle, je n'aurais pas du rentrer cette année à l'école, je n'enchaînais qu'idioties sur idioties. Premier Kate, je n'aurais pas du devenir amie avec elle, je savais que la famille l'avait refusée en tant que membre et ils m'avaient interdits de l'approcher... Et pourtant. Deuxièmement, j'avais abandonné Kate comme une grosse gourde entre les griffes des Loups-Garous, je n'avais pas eu vraiment peur, mais j'avais mis trop de temps à remarquer qu'elle n'était plus avec moi.

J'ouvris grands les yeux, mes yeux or avec une pointe de bordeaux. Troisième erreur: j'avais recommencé. Mais cet idi*t! Pourquoi devait-il sentir si bon?! Pourquoi me collait-il?! Et pourquoi avais-je succombé...? Ah! J'avais une sainte horreur des remords! Moi, la froide Anélia avait des remords, de quoi rire, même, preuve que je devenais folle, je riais. Rire de mauvais goût, mais je riais, je crois même que j'aurais pu pleurer si je n'étais pas devenu vampire.

C'était un peu comme les humains avaient leur cigarette, maintenant que j'avais recommencé, il serait très dur de ne pas consommer encore, très dur, en gros, tout recommençait. Avec une différence: la famille ne devait surtout pas être au courant! Cette fois, ils me jetteraient chez les Volturis pour qu'ils me punissent, pire peut-être me tueraient-ils eux-mêmes?! Ca doit quand même faire un choc de voir sa propre famille vous tuer, non? Et contre sept vampires, je ne pouvais pas faire grand chose! Un vampire n'était pas un Loup-garou! Ces crétins n'étaient que des... choses que Dieu -s'il existait- devait regretter amèrement.

"Aujourd'hui, dans notre reportage scientifique, nous parlerons des modifications génétique. Notre premier sujet est un mélange d'humains avec une sorte de loup ayant la rage. Si des enfants sont devant le poste de télévision, veillez changer de chaîne..."

De plus, l'horrible odeur qu’ils dégageaient, de quoi rendre malade un éléphant! Rien que d'y penser, mon estomac se retournait. Laissons tomber, je ne dormirais pas -de toute façon, même sans mes problèmes, je ne dormirai jamais- mais je ne pourrais pas me... reposer!

Spoiler:

Oké... Il n'y a rien d'extraordinaire non ? Il y a sûrement des animaux dans ce bois... c'est vrai, au pire ils se baladent à dix mètres de la route et de l'activité humaine.

Non ce n'est pas normal. Il y avait quelqu'un.

Sans perdre d'avantage de temps, je me levai et partai sans me retourner. Mon brusque retour à moi-même m'avait fait prendre conscience de l'angoisse de la situation. Il faisait quasi noir, et - si on oublie les voitures qui roulent à cent kilomètres heure - le plus proche point de vie était le café à une centaine de mètres. Mais comment avais-je pu être si inconsciente pour aller m'allonger là-bas ? La colère aveugle. Je devais vite fait partir, avant de m'imaginer que j'avais inventé toute ma peur et de revenir sur mes pas en me pensant folle.

Je marchais encore plus rapidement qu'à l'allée. J'avais éteint mon iPod pour mieux entendre les bruits qui m'entouraient, et je me concentrais anormalement sur le macadam qui défilait sous mes pas pour ne pas voir autre chose. A partir du moment où je me trouvais à une dizaine de mètres du café, je me décontractais. La lumière orangeatre des lampes éclairait le trottoir plus chaleureusement que l'éclairage en néon des lampadaires. C'est là que je r'allumai mon iPod, et marchai plus décontractée jusqu'à la maison.

Après tout, j'avais sans doute tout imaginé. Je suis folle.

J'avais toujours eu une bonne estime de moi-même, peut-être même un égo trop grand, démesuré voir éxaspérant tant je me mettais en valeur. Après tout, lorsqu'il m'avait transformé, mon "nouveau père" me connaissait un peu. A l'époque j'avais déjà cette estime de moi-même qui me rendait execrable alors il avait dû envisager ce que cela aurait été en faisant partie des personnes les plus belles et désirables existant sur cette Terre. Mais là, c'était complètement différent, je me haïssais, c'était la première fois que cela m'arrivait mais pourtant je savais que jamais je ne pourrais plus m'haïr que ce que je faisait maintenant. J'haïssais cette douleur, ce goût de fer dans ma gorge qui me rapellait ma soif de sang humain. J'aurais donné n'importe quoi pour disparaître, pour qu'on m'attache et que je ne puisse plus jamais approcher quiconque de vraiment humain. Pas comme moi...

Pire que la haine envers ma soif, c'était celle envers mon manque de scrupule, maintenant je m'en voulais, mais ce n'était que parce que j'avais soif. Je n'avais des remords que lorsque j'étais sous la tentation ou simplement quand j'avais soif. L'idée de laisser cet id*ot d'Alexandre en vie ne m'aurait jamais traversé la tête, seulement aujourd'hui j'y avais repensé parce que j'avais soif. Vraiment soif. Mais de sang humain. Je me faisait pitié, pourtant le venin emplissait ma bouche lorsque je sentais l'odeur si alléchante de Jasmine à quelque mètres de moi. Juste quelques mètre. Un bond et j'aurais été devant elle. A peine une secondes pour faire celui-ci et deux pour la mordre. A peine le temps d'un gémissement, voir d'un petit cri dans la pire des situations mais personne à l'horizon. Seulement le vent et la vie pourtant éloignée comme j'étais là de la forêt. Juste elle et moi. Jasmine et Anélia. La proie et le prédateur.

Pourtant une petite voix dans mon cerveau persistait à me dire que je ne devais pas voire son sang, ma famille aurait compris à ce moment, non? Deux "meurtres" les uns après les autres, inexpliqués si ce n'est une marque dans le cou. J'étais peut-être une bonne menteuse mais eux n'étaint pas idiots non plus... Sentant mes dernière défences baisser les unes paèrs les autres, je fermai les yeux et retint ma respiration. Ainsi je ne la voyait plus et ne sentai plus son odeur mais pourtant me parvenait les battements de son coeur, beaucoup trop rapide, comme si elle était anxieuse, m'avait-elle repéré? C'était fort possible, tellement concentrée à ne pas lui sauter dessus, je n'avais pas vraiment fait attention à ma discrétion. J'étais vraimet une gourde quand je le voulais! Pfff...

Un bruit, infime attira mon attention et c'est à contrecoeur que j'ouvris les yeux. Elle partait. Elle partait et je ne lui avais pas sauté dessus! J'étassi fière de moi! Bon d'accord, j'avais tué un adolescent, mais il vaut mieux un seul que deux après tout... Soupirant, je partis chasser.

Chasser des animaux. Pas Jasmine...