Eléanora [VALIDEE]

23 ans

Assassin, et j'en suis fière.

n°2 dans les Autres.

Shiro (n°1) est mon grand ami. Je n'ai pas d'autres proches, si ce ne sont que des connaissances.

Shiro dit que je suis pessimiste. J'ignore si c'est vrai, mais je n'emploie pas ce mot pour me décrire. Je suis pas très bavarde, ça c'est vrai, mais j'ai des choses à dire. Disons que je réfléchis de trop. Je crois que parler est une redoutable force, et les mots doivent être bien choisis, si on ne veut pas être la cause de grands conflits. Je préfère donc me taire plutôt que de faire un faux pas.
Si mes paroles sont plutôt rares, mon corps exprime beaucoup. Voilà quelque chose que je maîtrise. Le fait est que je n'ai pas besoin des mots pour communiquer... mais je ne suis en général pas en présence de beaucoup de personnes à la fois. J'y suis souvent contrainte.
Par ailleurs, je me trouve assez colérique. Je m'emporte vite, trop. Ce qui joue souvent contre moi. Mais des années de retenue m'ont fait apprendre une chose : il est parfois nécessaire de s'énerver. Au sinon, jamais rien ne changera.

Physiquement, je n'ai pas à me plaindre. Loin d'être narcissique, mon corps ne me déplait pas pour autant. Si mes bras sont trop musclés au goût de certains, le reste est parfaitement féminin. J'aborde une silhouette fine, et bien sculptée. Des mollets fins, des cuisses modelées par de nombreux voyages à cheval, un ventre plat, une poitrine rebondie... le tout surplombé d'un visage ovale aux traits assez sévères, mais adoucis par mes grands yeux bleu clair. Mes cheveux, de longs filaments noirs de geais, me dérangeaient parfois lorsque j'étais en mission, mais je ne peux me résoudre à les couper. C'est pourquoi je les attache dans une queue ou dans une tresse. Ma peau, elle, porte quelques coupures et des cicatrices fines que je tente pour le mieux de cacher.
Niveau vestimentaire, je porte ce qui est pratique, et pas trop encombrant. Mes protections vont de mes pieds à mes genoux, puis de mes mains à mes coudes. Il n'y a pas d'uniforme particulier pour les assassins, seulement un foulard ou une écharpe rouge qui doit recouvrir notre cou et notre menton. Cette écharpe est donc tout ce qui rend visible ma classe au monde. Bien sûr, je porte toujours quelques poignards, par pure vigilance...

Mon père, cet homme sans aucune fièreté ni honneur était nommé Darr Nem. Il avait un groupe de femmes dont il avait épargné la vie lors d'un ou d'autre aventure. Il ne les traitait pas spécialement bien, ce qui en poussait plusieurs à fuir. Je ne sais pas très bien comment c'est arrivé, mais quand elle eut fini de m'allaiter, ma mère me replaça devant la porte de son ancien détenteur. Mon explication est qu'elle ne voulait garder aucun souvenir de lui, mais cela pouvait très bien être à cause de son dégout de moi à l'idée que j'étais sa progéniture. Peu importe, ce qui est arrivé avant n'a rien changé.
Darr Nem était à la tête d'une compagnie de tueurs à gages. C'était un métier pour chiens qui nourrissait des chiens. M'ayant pris pour une recrue, il me mit avec d'autres enfants qui avaient comme moi été posés devant sa porte ou qu'il avait pris aux foyers de ses victimes. J'ai grandis là, chien entre les chiens.
J'avais dix ans et demi quand je tuais ma première victime. C'était le fils d'un homme riche. Je devais lui prendre la vie pour faire pression sur son père. Ce que je fis. Je ne m'en rappelle pas plus que cela. Nous, les chiens de Darr Nem, étions payés de deux pièces à chaque gage. Notre travail nous donnait aussi un lieu de couche, et de la nourriture. S'il était dégradant, on ne devait pas s'en plaindre.
J'avais douze ans quand je rencontrai Shiro. C'était un garçon de quelques années en plus que moi, qui semblait être entre les mains de Darr Nem depuis trois années tout au plus. J'avais déjà du le croiser quelques fois. En nous rapprochant, suite à une bataille entre tueurs à gages que nous avions résolu à deux, on a découvert qu'on avait les mêmes idées sur cette vie dégradante que nous vivions. Donc, on a fui. Ensemble, comme beaucoup fuyaient. Sauf que nous attendions un avenir meilleur, pas un ultimatum.
Il avait 18 ans. J'en avais 15. Il avait plus de facilité à se faire respecter, dû à son âge et à l'habilitée avec laquelle il magnait les mots. Il convainquit des hommes de notre rang et de notre loyauté. Certains curieux nous firent confiance, sans doute parce que nos premiers services ne coutaient rien comparés à ceux des tueurs à gages.
Nous voyagions beaucoup, pour être là où on avait besoin de nous et pour voir du paysage. Je n'étais jamais sortie de la ville, et Shiro était loin d'avoir vu le monde non plus. Nous faisons une halte à Juno quand, à l'auberge, nous eûmes vent des histoires de confrontations entre les deux villes. Quand nous eûmes découvert le groupe de bourgeois qui était derrière les assassinats dans les deux villes, nous les avons liquidés, et de bouche à oreille, les gens découvrirent qui étaient les assassins. Ce fut un véritable envol pour les Assassins, une communautée d'une dizaine de membre que nous étions alors. Quoique nous ne sommes encore aujourd'hui qu'une poussière face au monde qui nous entoure, notre nombre ne cesse de croître.
Officiellement, nous ne sommes personne. Mais tout le monde nous reconnait. Quand Shiro et moi marchons entre le citadins, certains reconnaissent nos foulards rouges et contrairement au dégout qu'inspiraient les regards à l'époque des tueurs à gages, parfois, quelqu'un nous regarde passer, des étoiles d'admiration dans les yeux.

Car aujourd'hui, je ne suis plus un chien. Je suis Eléanora, une Assassin.

Ok !