Fermeture anticipée retardée [abandonné ?]

J'essuyais la table numéro 7 de l'auberge en émettant quelques grognements sonores, mais que diable avait fait les gens qui avaient mangé dessus, pas moyen de récupèrer les taches de nourriture!
Mais je gardais courage, car plus qu'une demi-heure avant que le Roulin Mouge ne ferme ses portes aux poivrots et enfin une soirée de quiétude pour moi! J'observais la salle, il n'y avait guère de monde, deux habitués de l'auberge qui étaient en train de parler et leurs halènes qui empestaient l'alcool, me parvenait jusqu'aux narines même si je me situais à une bonne vingtaine de mètres d'eux. Et sinon, il n'y avait personne d'autre.
Et si j'osais...
Je méritais bien d'avoir un peu de repos suite à une journée aussi harassante !
Durant ma marche à pas feutrés vers mes deux derniers clients, j'entendais des bruits de bagarre à l'extérieur, cela devenait presque une habitude pour certain de se battre à la nuit tombée...

" Désolé d'interrompre cette conversation, que je jugeais tout à l'heure fort intéressante, mais je suis obligé de fermer, il est l'heure..." leur disais-je

Un des deux hommes, plus docile que son compagnon se levait et s'en allait, tandis que son compagnon éméttait quelquees vives réticences... Mais qui disparurent bien vite...
Je les racompagnais doucement vers la sortie, enfin un peu de liberté pour moi...

Ce gars avait osé m'insultée! La bagarre faisait rage depuis une quinzaine de minutes nous nous étions battus mais vite rejoins par ses compagnons j'avais perdue. J'étais donc étalée sur le sol amochée comme jamais, mon frère me manquait, mon chef me manquait, même la force me manquait, tout me manquait. J'étais vide de tout, bougée était devenue impossible, je réalisais que sans mon frère et mon chef je n'étais rien qu'une petite fille insignifiante.

Je m'assoupis vaguement jusqu'à ce que la porte d'un bâtiment quelconque s'ouvre en chassant un homme puis deux je puisai à ce moment là la force pour marcher et me mis presque à courir pour rentrer dans ce bâtiment. Quand cela fut fait je détaillai l'endroit. Il était assez petit et l'alcool était l'odeur qui régnait en puissance dans ces lieux. C'était ce qu'il me fallait: un endroit peu fréquenté et de l'alcool pour me remonté le moral. L'endroit qui était bien sûr une auberge était en faites totalement vide. Ce qui me fit douter sur l'heure de ma venue ici.

Je m'assis donc quand même au contoir et attendis le serveur tout en posant ma tête sur le rebords de la longue table qui s'offrait devant moi. J'étais tellement vidée que j'aurais pu mourir sur cette chaise sans aucun problème. Mourir de quoi ? De peur, de fatigue, de mal-être, de mal tout court, des coups reçu aujourd'hui autant moral que physique.

Bref aujourd'hui j'avais perdu ma carapace, ma dignitée, ma force, peut-être mon groupe aussi, en gros aujourd'hui j'avais perdu toute une vie d'efforts inutiles.

Je les faisait sortir de l'auberge mais quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'en ouvrant la porte, une jeunne femme, que je vis étalée au sol et qui en voyant la porte s'ouvrir se leva et vint à ma rencontre. Quand je vis dans quel piteux état elle était, je ne pus me résoudre à lui dire que je fermais l'auberge pour ce jour. Je lui laissais la porte ouverte mais je ne reçu d'elle ni un merci ni un bonjour rien. L'impolitesse à l'état pur ! Elle rentra dans mon antre, et se mit au comptoir mettant sa tête sur le côté, d'épuisement...
Je n'avais pas encore terminé ma soirée moi...J'en étais même très loin. Mais le travail avant tout,il faut bien vivre et la vie coute cher!Pour obtenir de l'argent de la part d'un client il faut que celui-ci se sente en confiance avec moi, autant afficher un beau sourire et lui demander gentillement ce qu'elle veut.

Je m'approchais de cette cliente assez perturbante je l'avoue, puis une fois passé derrière le comptoir, je me mis face à elle, pris un essui, celui avec lequel habituellement Rugny se servait pour faire la vaiselle, que je plaça au creux de mon bras.

"Bien le bonjour brave dame, que désire votre mine affamée?"

Encore cette phrase, qui sortait comme un tic nerveux. Je ne savais m'empêcher de la dire! Je regardais cette femme dans les yeux, ils étaient gris et ses cheveux étaient d'un chatain très clair. Elle avait l'air d'être énormément entrainée pour son âge, elle ne devait avoir plus de 17 ans. Peu de gens dans ma taverne me provoque une telle sensation de pitié

L'attente fut courte. Il commença à parler :

"Bien le bonjour brave dame, que désire votre mine affamée?"

Mine affamée n'était pas vraiment le mot mais je n'étais pas franchement d'humeur à jacasser jusqu'à pas d'heure, car il se serait surement vexé, comme tout les gens dit ... Normaux. Il me regarda droit dans les yeux et je vacillai sur ma chaise, ses yeux d'un marron plutôt clair m'envoutèrent presque, ses cheveux de la même couleur que les miens était en bataille, comme si ses mèches se disputaient tout le temps pour savoir qui allait bouger le plus vite, il semblait assez négligé, ses vêtements trop grand pour lui était déchiré à un ou deux endroits,... Je remarquai également qu'il était petit environ 1 mètre 60, enfin peut-être un tout petit peu plus quand même.

Il aurait pu être très beau à mes yeux si je n'avais pas été amoureuse de mon chef, à cette pensée mon coeur se brisa en milles petit morceau et d'un coup plus rien n'importait je sentais le monde s'écrouler à mes côtés. Je revins à mes esprits quand je sentis quelque chose de salé toucher mes lèvres, je compris ainsi que je pleurais, il n'était pourtant pas dans mon habitude de marquer, quelqu'en soit la preuve, ma faiblesse en présence de quelqu'un d'autre.

Puis je me rendis compte que le silence planait autour de nous comme si le temps c'était arrêté et que mes larmes se faisait de plus en plus nombreuses sans que j'amorces le moindre geste pour les arrêter. Je levais ma main, doucement comme si j'avais peur de la perdre en chemin ou de ne pas avoir la force d'amorcer le moindre geste. C'est d'ailleurs ce qui se passa, ma main retomba contre le contoir à une telle vitesse que ma main se fracassa dans un grand bruit sourd. Je me fis très mal, mais je me tus, la douleur n'était plus rien dans ce monde où je vivais, seule, toute seule, toujours toute seule en solitaire, jamais je n'avais été accompagnée de toute ma vie, du moins jamais je ne m'étais réellement confiée à quelqu'un, jamais je n'avais eu d'ami. Sauf si on pouvait considéré que mon chef était un ami, mais même moi je ne le considérais pas comme tel. Juste quelqu'un avec qui on pouvait faire des bétises, les bagarres,...

Enfin bref tout ce que j'aimais quoi! Je me sentis soudain pitoyable, le serveur devait être impatient d'entendre ma réponse et moi je restais là dans mes pensées. Je rougis, et commença à lui donner une réponse potable :

"Je... Je... Ex... Excusez moi. Une bière suffira, pas de grande faim aujourd'hui."

Excusez moi. Non mais je rêve cela devait être la première fois de ma vie que je m'excusais mais que m'arrivait-il donc aujourd'hui ?!

La pauvre, elle était complétement perdue, elle me fixait puis regardait à nouveau le comptoir avant de revenir à mes yeux. Elle me semblait vague et ... perturbée, oui voilà le mot : Perturbée. Ses yeux gris me semblaient livide, ils mélaient haine et confusion. Puis je vis ses marques, elle avait reçu des coups, elle avait des coupures et certaines saignaient encore...
Elle avait dû se battre, peut-être était elle à l'origine des bruits de luttes que j'avais entendus précédemment à l'extérieur... Non ca ne pouvait être que ça! Le silence qui régnait me paraissait lourd, les secondes étaients des minutes, au fur et a mesure de l'attente, mon sourire s'effaçait pour laisser place juste a un petit sourire en coin...
Durant l'attente de réponse, mon essui glissa de mon bras et alla choir au sol, je le ramassais et revenais en face de cette cliente particulière, elle n'avait pas bougé, elle était dans la même position, elle n'avait pas dû remarquer que durant un cours instant, je n'avais plus été dans son champ de vision!Et moi je venais à peine de remarquer quelques larmes couler le long de sa joue, j'avais un mélange de compassion et de pitié pour elle... A quelques reprises, je fut tenté rompre ce silence, mais cela n'aurait surement rien changé alors je m'abstins de toute parole envers cette jeune femme.
Puis elle esquissa enfin un geste, elle leva sa main, pour sècher ces larmes ruisselant sur sa joue, une fois cet acte fait sa main retomba rapidement sur le comptoir dans un grand bruit sourd, son visage ne fit aucune grimace même si je devinais la douleur qui devait être assez grande. Puis elle se rattacha à mon regard, et rougissant, elle me dit:

"Je... Je... Ex... Excusez moi. Une bière suffira, pas de grande faim aujourd'hui."

Enfin une parole, avec une politesse dedans! Que demander de plus? Je lui servais rapidement ce qu'elle me demandait, je rougissais à mon tour pour une raison qui m'était totalement inconnue, elle était pas vraiment belle, donc ca ne devait pas être ça, peut être était ce sa voix qui m'avait perturbé, je n'en sais strictement rien...
Un silence régna à nouveau, je pensais à Adra, Rugny, Beortulk qui ont pris tout trois congé pour cette soirée, tandis que moi, je suis obligé de rester derrière dans ma taverne, sans pouvoir prendre de congé. Cela devait changer ! J'en ai marre de ne pas pouvoir me balader un peu dans la ville, de pouvoir respirer autre chose que de l'air alcoolisé ! J ai besoin de sortir de cette auberge, ne serait-ce qu un jour par semaine! Sans m'en rendre compte, mon poing et les muscles de mon bras, se contractaient. Je n'avais encore jamais connu l'amour, ni une véritable amitié... Je n'avais personne à qui me confier, car comme tout homme, j ai mes peines et mes douleurs, derrière ce beau sourire, se cache une façade de brume et de doute... et parfois, j'avais besoin d'un ami à qui parler...
Puis je revins à ma cliente qui sans nulle doute avait besoin de parler, alors chose inhabituelle, je mis à la tutoyer :

"Que t'es t-il arrivé? D'où te vienne ces marques et blessures parcourant ton corps?"

J'allais peut-être me prendre un refus de discussion mais, au moins, j'aurais essayé d'établir un contact avec elle... Mais au fond de moi, je n'aspirais qu'à une chose: pouvoir fermer cette auberge et me reposer un peu...

Le calme. Si paisible et prenant, si silencieux ce silence. Je ne planais pas pourtant, je n'éclatais pas de joie, je n'éclatais pas en sanglots - pas plus que je ne l'avais déjà fais du moins -, je n'étais pas non plus terriblement en colère, j'étais juste normale, blessée et en pleurs mais néamoins normale, pour des gens normaux cette journée aurait sans doute été anormale mais pour moi non, cette journée était en fait anormalement normale. J'étais dans une auberge, blessée, fatiguée, éreintée, éteinte, en pleurs, triste, malheureuse, silencieuse et j'étais comme toujours seule.

J'étais plongée dans une journée totalement normale, moi, une personne anormale. Il était anormalement tard, il faisait anormalement nuit, le serveur paraissait anormalement triste, tout était anormale pourtant mais moi je trouvais cette journée habituelle, j'étais habitué à tout ça : à l'heure tardive, à la nuit, même à la tristesse, surtout à la tristesse. J'étais également habituée à être dans une auberge, à être : blessée, fatiguée, éreintée, éteinte, triste, malheureuse, silencieuse et seule. La seule chose anormale de cette journée était que je pleurais. Que je montrais un seul signe de faiblesse en présence d'une personne quelconque.

"Que t'es t-il arrivé? D'où te vienne ces marques et blessures parcourant ton corps?"

D'accord ça non plus ça n'était pas normal, un serveur qui se préocupait de l'état d'une cliente normale, bon un peu en sang et en train de pleurer certes mais normale. J'étais aussi sa seule cliente mais bon ça ne devait certainement pas être rare, il arrivait tout le temps d'avoir un client alcoolique au contoir, un client qui arrivait en début d'après-midi ou peu après. En fait pour le serveur ça ne devait certainement pas être une journée ou même une cliente normale. Non. Pas du tout même. Alors pourquoi je ne buvais pas ma bière et je ne partais pas? Oui j'allais faire ça mais d'abords j'allais lui répondre :

"Peu importe. Ca ne t'intéresse pas de toute façon, pas vrai? Je ne vais pas tarder à y allez de toute façon. " Je baissais la voix : "Je ne vais plus t'importuner, non mais vraiment, c'est pas croyable, au service des clients ouais."

J'espère qu'il n'a pas entendu la dernière phrase mais c'était bien vrai il ne me disait ça que pour finir plus vite du moins selon moi. Et j'allais partir tranquillement voilà, sans avoir plus d'embrouilles pour aujourd'hui, pour une fois que je ne cherchais pas la bagarre, c'était vraiment incroyable.

La fatigue se faisait ressentir en moi, je baillais... Par pitié, que cette ultime cliente m'ouvre son sac et qu'elle s'en aille ! Loin de la chaise sur laquelle elle est assise, loin de mon auberge ! Je voulais dormir !

Malgré la pitié qu'elle me provoquait, je ne voulais pas chercher a en apprendre davantage ! J'aimerais la presser un peu mais, quelque chose en moi me retenait, peut etre la politesse... J'attendais avec impatience sa réponse à un point qu'elle n'oserait peut être jamais imaginer. Je gesticulai un peu les bras sous le comptoir, je pris des bouts de pain , des verres a vin, un deuxième verre à bière et des serviettes, tout ce qui pourrait faire avancer cette rencontre de dernière minute.

Puis enfin, elle ouvrit la bouche, et elle dit la réponse qu'au fond de moi, je voulais avoir pour ne pas m'embarquer dans une longue et interminable conversation :

"Peu importe. Ca ne t'intéresse pas de toute façon, pas vrai? Je ne vais pas tarder à y allez de toute façon."

J'avais beau être athée, au fin fond de ma conscience retentissait un magnifique : "Alleluia ! " mais elle enchaina une phrase, à peine audible, mais que je réussis tout de même a ouïr :

"Je ne vais plus t'importuner, non mais vraiment, c'est pas croyable, au service des clients ouais. "

Que penser de cette remarque? Sarcastique? Narquoise? Ironique? Je ne cherchai pas à le savoir mais j'éxécutais mon boulot d'aubergiste jusque au bout et je ne lui fis pas remarquer ce qu'elle venait de me dire. J'en avais marre, j'étais à bout !
Je regardais avec pertinance l'heure qu'il était, peut être l'avait elle remarqué... Je n'en sais rien, mais les minutes me paraissaient heures, j'allais tenter le tout pour le tout pour avoir un peu de tranquilité que je jugeais tellement méritée !

" A voir tes coups tu t'es bagarrée... Pas besoin d'être devin pour ça ! Donc moi ce que je te commanderais, il y a l'infirmerie pas loin de l'allée, tu n'as qu'a t'y rendre, ce sont des amis à moi là bas, demande leur qu'il te donne la pomade adéquate et surtout du repos, car tu me sembles beaucoup trop exténuée pour pouvoir tenir ne serait-ce qu'une heure éveillée! "

Et après quelques secondes, je continuai en lui disant :

" Et cette bière, elle est pour moi ! Tu sais, tout le monde a besoin de sommeil "

Et moi le premier...

Spoiler:

Je le voyais bailler, montrer des signes d'impatience, au fond pas besoin de savoir lire dans les pensées pour savoir les siennes, son visage montrait absolument tous ses sentiments, dingue ! Fatigue, embêtement, lassitude, pitié, fatigue, ennuyement, fatigue, fatigue, fatigue ...

Au fond tout ce qui me pousserais à rester le plus longtemps possible, car après tout, où allez après ? Je ne pouvais partir à toute vitesse... Je ne devais surtout pas partir aussi vite... Que diraient mes parents, mon frère, mon chef ? Mes parents rien, à part leur inquiétude énervante...
Mon frère et mon chef étaient passé je ne sais où alors de toute façon rien à craindre de se côter là ... Mais si je retombais sur ceux qui venais de m'amocher d'une telle façon que je n'étais même pas sûre que mes jambes me porte jusqu'à chez moi... Je serais morte avant la fin de la nuit ... Et si je tombais sur un gang encore pire, je ne préférais même pas y songer.

" A voir tes coups tu t'es bagarrée... Pas besoin d'être devin pour ça ! Donc moi ce que je te commanderais, il y a l'infirmerie pas loin de l'allée, tu n'as qu'a t'y rendre, ce sont des amis à moi là bas, demande leur qu'il te donne la pomade adéquate et surtout du repos, car tu me sembles beaucoup trop exténuée pour pouvoir tenir ne serait-ce qu'une heure éveillée! Et cette bière, elle est pour moi ! Tu sais, tout le monde a besoin de sommeil "

Se débarasser de moi à tout prix, ainsi était tout ce qu'il voulait ? Bien j'irais errer dans la rue seule s'il le souhaitait, le laisser enfin tranquille, étais-ce dans mes habitudes, non, certainement pas mais après tout avais-je encore conservé une de mes habitudes ce soir ? Bien-sûr que non, bref qu'avais-je donc à perdre en plus de ce que j'avais déjà perdu ? Rien, absolument rien du tout. Je lui répondis :

" Je vais y aller si tel est ton désir, après tout laisse moi seule, qu'importe je ne suis plus rien ... "

Ne supportais-je pas l'alcool à ce point ce soir? Car je me sentis délirer juste après, je me souvins juste de m'être levée avant de tomber dans le noir le plus profond qui sois, en ayant l'impression de planer, m'étais-je ainsi enfin évanouie?