L'auberge, lieu de détente ... [fini]

J'empoignai ma cinquième chope de bière. Ou bien était-ce la sixième. Peu importe, tout ce que je voulais, c'était oublier et l'auberge était un bon endroit pour cela. Affalé sur une chaise, dans le fond, sans personne pour m'embêter. J'avalai deux gorgée. Sacré Diable ! Ce que ca fait du bien ! J'ai la tête qui tourne : c'est un bon signe. Bientôt, je trouverai le confort d'un lit et d'une chambre. Je finis en quelques minutes cette boisson bienfaisante.

" U-Une autre s'vous plaît ! "

Une jolie serveuse me l'apporta quelques instants plus tard. Elle déposa la chope sur la table et me jeta un regard anxieux. Peut-être pensait-elle que je me lancerai dans une bagarre. Surement pas. Pas dans cet état-là du moins. Je m'emparai de la bière posée sur la table et jetai un regard sur la serveuse qui s'éloignait. Je restai quelques minutes, scurtant ma boisson, comme si quelque chose devait se passer.

Et comble de malheur, quelque chose se passa ! Une jeune fille vint s'asseoir à ma table. Elle était assez jolie, avec des cheveux mi-clairs, mi-foncés. Elle avait un visage qui reflétait la gentillesse. Mais ce n'était absolument pas ce que je voulais. Était-ce si compliqué que de désirer un peu de solitude bon sang ?!

" J-Je crois que cette table est libre. Vous y serez mieux mise. "

Le ton était sec et je dévinai qu'elle avait senti mon haleine qui devait puer l'alcool. Mais peut m'importait ! Je voulais la paix ! La paix nom de Diable !

Aussi, je fus étonné lorsqu'elle prit la parole

"..."

Il pleuvait des cordes dehors, qu'est-ce qu'il faisait froid !!! Qu'avions nous fait? Nous, pauvres Albertiens, pour mériter cela ! Je passais devant des marchands, des passants, les gens s'agrippant aux autres pour ne pas se perdre dans cette foule monstrueuse, des personnes prenaient leurs manteaux pour s'abriter de la pluie, les enfants criaient, pleuraient et échappaient à leurs parents, tout le monde courait dans tout les sens, paniquait, tout le monde, sauf moi.

Je marchais tranquillement, je n'avais pas envie de me presser pour une fois, j'étais bien sous la pluie, mes vêtements me protégeaient suffisamment. Le ciel était nuageux mais je n'eus pas le temps d'en voir plus car je fus bousculée par des personnes et me retrouvai dans l'auberge de Maëlys en un rien de temps. L'odeur me prit, m'envoûta mais me dégoûta bien vite. Je regardais les gens se saouler ou se réchauffer autour de moi, quand mon regard tomba sur un jeune homme, aux cheveux de couleur inhabituelle ... Des cheveux blancs.

Il me sembla si triste, se saouler pour oublier me paraissait l'expression qui convenait le mieux. Il me faisait vraiment de la peine, c'est pourquoi, je marchai vers lui d'un pas décidé, pour finir par m'asseoir en me loupant de peu mais à mon avis il était tellement saoul qu'il n'avait rien dû remarqué.
J'hésitai à lui parler, à commencer ou à attendre mais il ne me laissa pas le choix :

"J-Je crois que cette table est libre. Vous y serez mieux mise."

Non, je décidai de rester là, il avait tellement besoin d'aide, ni son ton sec et désagréable, ni l'odeur horrible d'alcool qui se dégagea dès qu'il prit la parole ne me reculerais, peut importe ce que je ferais pour lui, si ça lui importait quelque chose ou pas, je n'avais pas l'intention de le laisser seul dans cet état là. Je lui répondis donc :

" La table vient d'être prise et puis je ne vais pas te laisser dans cet état, tu es tellement triste à voir."

La serveuse vint me voir je remarquai que ce n'était pas Maëlys mais je ne pris pas le temps d'enquêter, je devais vite faire quelque chose pour ce garçon. Je pris donc une gorgée de ma boisson, inspirai lentement, me retournai vers lui et lui dis, d'un ton calme, sérieux et gentil à la fois :

" Alors, qu'attends-tu? Je t'écoutes. Saches que tu ne m'arrêteras pas, je suis décidée à te faire parler et à t'écouter. Bien je penses que tu peux commencer... "

" La table vient d'être prise et puis je ne vais pas te laisser dans cet état, tu es tellement triste à voir."

Mais de quoi se mêle-t-elle celle-là ? J'ai juste besoin d'être seul et visiblement, c'est un notion que beaucoup de gens ont du mal de comprendre.

" Alors, qu'attends-tu? Je t'écoute. Saches que tu ne m'arrêteras pas, je suis décidée à te faire parler et à t'écouter. Bien je pense que tu peux commencer... "

Je n'en croyais pas mes oreilles ! Elle voulait que je lui raconte ma vie. Ainsi, sans la connaître. Le monde est-il devenu fou ? J'aurais dû me lever et partir en la laissant seule mais quelque chose me retint. Quelque chose de plus que la sensation de mal de mer qui me prenait dès que je faisais un trop grand mouvement. Après tout, qu'avais-je à y risquer ? Même si c'était contraire à mes principes, je pourrais toujours la faire taire si l'idée lui venait de divulger ma vie.

Je pris une bouffée d'air avant de commencer mon récit :

" Je suis Dalaïr, un Assassin. Enfin, j'étais. Non, je le suis toujours mais comment dire ? "

Les mots ne me venaient pas facilement. Ce n'était pas mon habitude que de me répendre en sentiments.

" On m'a volé mon écharpe. Ne ris pas ! Ce n'est pas n'importe quelle écharpe, c'est le symbole des Assassins. Et on me l'a volée. ELLE me l'a volée ! Cette Éléanora ! La ... compagne de mon frère ... Shiro "

Au fur et à mesure que je parlais, les mots sortaient, sans que j'en mesure les conséquences.

" Shiro ! C'est mon frère tu sais. Il ne savait même pas que j'existais. Mais je l'ai retrouvé ! Après deux ans, je l'ai retrouvé. Mais il m'a rejeté et à même mis en doute ma parole. Oh Shiro pourquoi ? Pourquoi as-tu été si cruel avec moi ? "

Les larmes me venaient aux yeux. Je les refoulais, bus une gorgée de bière avant de me tourner vers mon interlocutrice.

" Je t'ai raconté tout cela, mais je ne sais même pas comment tu t'appelles ... Tu es ... ? "

" Je suis Dalaïr, un Assassin. Enfin, j'étais. Non, je le suis toujours mais comment dire ? On m'a volé mon écharpe. Ne ris pas ! Ce n'est pas n'importe quelle écharpe, c'est le symbole des Assassins. Et on me l'a volée. ELLE me l'a volée ! Cette Éléanora ! La ... compagne de mon frère ... Shiro ... Shiro ! C'est mon frère tu sais. Il ne savait même pas que j'existais. Mais je l'ai retrouvé ! Après deux ans, je l'ai retrouvé. Mais il m'a rejeté et à même mis en doute ma parole. Oh Shiro pourquoi ? Pourquoi as-tu été si cruel avec moi ? "

Je restai bouche bée. J'en avais vu des gens avec des histoires tristes, horribles, certes je m'étais déjà retrouvée devant des gens hors du commun, tout types de gens mais devant un assassin, jamais. Bien sûr je connaissais ces gens de vue... Comment avait-il dit qu'ils s'appelaient déjà? ... Eléanora et Shiro, oui, c'était cela. Leur écharpe rouge donnait tellement froid dans le dos... Brrr... Mais contrairement à ce qu'on aurait pu penser c'était Eléanora, cette fille, qui faisait le plus peur. Le garçon, Shiro, était si jeune, que si il n'avait pas porté cette écharpe il aurait parût gentil, non peut-être pas gentil mais neutre, indifférent. Je me reculai légèrement, regardai l'homme au cheveux blancs qui était devant moi et fit vite le lien entre les deux garçons, sans aucun doute ils appartenaient à la même famille.

Comment son frère n'a pas pu le remarquer ! Ses cheveux, ses yeux, tout dans leur physique ou presque correspondait. Ainsi la compagne de son frère lui avait pris son écharpe, à vrai dire à première vue, ce garçon n'avait rien d'impressionnant, rien du tout même mais il était franc ça se voyait. Je pouvais lire dans ses yeux sa souffrance, son malheur, tout était si clair, si lisible, il souffrait tellement, comme s'il était possédé par son malheur, envahi. Comme si il était mort, mort de l'intérieur. En fait on lisait dans ses yeux la mort, sauf que ce n'était pas la sienne mais celle de son frère car oui, il croyait l'avoir perdu, à jamais. Quand je pensais qu'il n'allait plus rien dire, oui, à ce moment là, il prit la parole :

"Je t'ai raconté tout cela, mais je ne sais même pas comment tu t'appelles ... Tu es ... ?"

Question futile presque innocente, je jetais un regard bref autour de nous, personne ne nous écoutait, je hélais la serveuse reprit une boisson, bu une gorgée, repris mon souffle, encore et pris la parole :

" Je .. Je ne sais pas trop quoi te dire... Sinon moi c'est Marjorie... Et toi Dalaïr c'est ça? "

Qu'est-ce que c'était nul ! Bon temps pis cela ferais l'affaire, je remarquais cependant qu'il était dans un meilleur état que tout à l'heure, lui, un assassin? On me l'aurait dis dix secondes plutôt, j'aurais ris. Il avait l'air si gentil, si jeune, je me demandais finalement si cette Eléanora n'avait pas bien fait de lui retirer son écharpe... Et puis ...

" Pour être assassin ne faut-il pas savoir cacher ses émotions ? ... Étrange ... "

Euh .. Est-ce moi qui viens de parler à haute voix? ... Aïe ...

Spoiler:

" Je .. Je ne sais pas trop quoi te dire... Sinon moi c'est Marjorie... Et toi Dalaïr c'est ça? Pour être assassin ne faut-il pas savoir cacher ses émotions ? ... Étrange ... "

Marjorie, c'est joli comme nom. Non non non, qu'est-ce que je raconte, c'est la bière qui travaille, c'est tout. Sinon, j'étais choqué par le fait qu'elle parle ainsi des cachotteries d'Assassins. Ca me faisait bizarre d'être réprimandé ainsi par une jeune fille qui ne savait rien du tout de ce que les Assassins représentaient !

" Ne serais-tu pas en train de dire que je ne suis pas digne de me nommer Assassin ? J'ai travaillé pour ce métier, j'ai tué ! Que sais-tu toi, de la vie qui se trame en dehors des murs douillets des bourgeois. Sais-tu seulement ce que c'est de n'avoir plus de parents et que ton seul espoir a été balayé ?! Que sais-tu donc, insolente ! "

Je ne voulais pas dire cela, les mots étaient sortis tout seuls de ma bouche. La boisson sans doute ...

" Je.. Je suis désolé, je ne voulais pas ... "

Je rageai contre moi-même. Je n'étais vraiment pas doué pour les discours ...

Spoiler:

" Ne serais-tu pas en train de dire que je ne suis pas digne de me nommer Assassin ? J'ai travaillé pour ce métier, j'ai tué ! Que sais-tu toi, de la vie qui se trame en dehors des murs douillets des bourgeois. Sais-tu seulement ce que c'est de n'avoir plus de parents et que ton seul espoir a été balayé ?! Que sais-tu donc, insolente ! "

Je restais ébahi devant ce qu'il venait de me dire... Je m'attendais à cette réaction certes mais certainement pas à ce point. Au début il avait juste semblé stupéfait par mes mots, sans doute l'effet de l'alcool, et là il s'était à moitié levé, ne sachant que faire. Moi non plus je ne savais pas quoi faire, si je restais là il me tuerais sans doute comme il l'avait sous-entendu.

Sachant qu'il s'apprêtait à me tuer à tout moment, je regardais autour de moi et vis tous les regards posé sur nous. Cet homme, Dalaïr je crois, venait de hurler qu'il était un assassin, et que si, on faisait un pas de travers il s'apprêtait à nous tuer tous, s'il le fallait. Sinon quand je repensais à ce qu'il m'avait dit, moi, une bourgeoise, moi, qui avait vécu pendant des années à voyager avec si peu de sous que l'ont étaient obligés de vivre dans des cabanes abandonnées et cassées. Certes mes parents étaient encore en vie mais quand il a fallut espérer, j'ai espéré, c'était ça son problème il croyait n'avoir plus aucun espoir de survie, son frère était son dernier sauveur et il venait de le perdre.

J'hésitais toujours lorsqu'il prit la parole :

" Je.. Je suis désolé, je ne voulais pas ... "

Mon caractère voulut qu'il soit sincère, que les effets de l'alcool soit encore présent mais maintenant quand il parlait tout devenait clair, même pas une phrase douteuse sur son état. Mais tout me disait aussi que si je ne partais pas, dès que je referais une gaffe, je paierais, ma vie ou autre chose...
Je ne pouvais pas non plus le laissé là, seul et pourtant c'était une question de vie ou de mort.

" Je.. Désolé .. Mais.. Je.. Je ne peux pas t'aider tant que tu ne veux recevoir aucune aide..."

Je me levai et m'apprêtai à partir.. Mais je changeai d'avis à la dernière minute, non, non, non, non ! Je ne pouvais pas le laisser là ! Je me rasseyais, le regardai bien dans les yeux, soupirai et me lançai :

" Bon d'accord, je suis désolé je n'aurais pas dû te dire ça s'était ... Nul. Bon pour me faire pardonnée , je sais qu'il y a un cirque, le C.I.L, ce sont les abréviations car le nom est assez long, je n'en n'ai plus la moindre idée , ça te dirais de faire un tour, il parait que ça va être énorme et puis à mon avis on sera plus tranquille pour parler."

J'insistai bien sur le coup d'œil aux alentours de la table et attendis.

" Je.. Désolé .. Mais.. Je.. Je ne peux pas t'aider tant que tu ne veux recevoir aucune aide..."

De l'aide ... Je n'avais jamais vraiment réfléchis a ça ... Est-ce que j'avais besoin d'aide ? Voulais-je vraiment de l'aide ? J'en doutais. Un Assassin n'a pas besoin d'aide. Il doit faire face a l'adversité seul. Alors pourquoi avais-je parlé a cette jeune fille ? Pourquoi lui avoir raconté ce que je n'avais jemais dit a personne hormis Shiro ? Tout se bousculait dans ma tête.

Elle se leva, parut hésiter à rester, puis finalement s'en alla en me disant :

" Bon d'accord, je suis désolé je n'aurais pas dû te dire ça s'était ... Nul. Bon pour me faire pardonnée , je sais qu'il y a un cirque, le C.I.L, ce sont les abréviations car le nom est assez long, je n'en n'ai plus la moindre idée , ça te dirais de faire un tour, il parait que ça va être énorme et puis à mon avis on sera plus tranquille pour parler "

Un... cirque ? Pourquoi Diable voulait-elle aller au cirque ? Et pourtant, j'étais tenté de dire oui. Après tout, pourquoi pas ? Qu'avais-je a y perdre ? Même si je doutais sincèrement qu'on y soit plus tranquille pour parler, peut-être un petit divertissement m'aiderait a oublier mieux que la bière.
Je me levai et lançai avant de rejoindre la porte de ma chambre :

" D'accord. Demain, rendez-vous ici avant le zénith. Bonne soirée "

Je poussai le battant de la porte de ma chambre, et m'écroulai sur le lit en pensant a cette soirée.
Malgré tout, je souris en pensant a la journée de demain ...

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