Représentation du CIL [en cours]

Au moment même, j’avais hésité. Aller au cirque ? Avec tous les problèmes qu’ont faisait face maintenant, étais-ce vraiment une bonne idée ?

Pour finir, je m’avais mis d’accord avec la proposition d’Eléanora. Et puis pourquoi pas ? J’avais bien le droit de me détendre aussi, non ? Je faisais de mon mieux de me convaincre que c’était une bonne idée – mais dans ma tête il restait toujours l’angoisse que ceci pourrais être une trahison envers mes propres priorités. Eléanora m’avait convaincu – comme d’habitude – que la détente étais un élément dont tout le monde avait besoin pour pouvoir penser logiquement, et elle avait encore eu raison. Enfin, c’est ce que j’espérais…

En voyant la foule se précipité vers l’amphithéâtre, je commençais à paniquer légèrement. Pourquoi y-avait-il tellement de monde ? Ils n’avaient clairement rien de mieux à faire ces Albertiens ! En même temps, la cause aurait pu être le fait qu’il n’y avait tout simplement rien de spéciale à faire à Alberta, et qu’un cirque comme C.I.L. était un événement à ne pas rater pour un publique si simple. Oui, le peuple d’Alberta se réjouissait – et en les voyant, mes craintes disparurent autant.

Après avoir offert quelques pièces – précieuses à mes yeux, car comme je l’avais déjà précisé à Eléanora au début de notre séjour vers Alberta, nous étions à court d’argent – à la guichetière, on a pu entrer dans l’amphithéâtre. Comme le soleil se baissait lentement, des lumières avaient été allumés pour mieux illuminés la scène. Ces mêmes lumières aidaient le publique à monté les petites marches vers les ‘sièges’ sans écrasant un pauvre Albertiens dans le passage. Parce qu’avec la queue qu’il y avait eu en bas, on était rentré plutôt tard et la tribune s’était déjà remplie. Après une vue dans l’estrade, j’avais eu l’impression de voir une place quelque part bien au milieu. En montant, je ne pu apercevoir autre chose que les regards visant mon dos – c’était tellement claire que cette foule savait ce qu’on était, que j’aurais aussi bien pu porter une pancarte marqué ‘Bonjour, je suis un Assassin, craignez-moi donc !’ – ce qui était bien embêtant. C’était peut-être pour cette crainte que les gens autour d’Eléanora et moi s’écartèrent quand on était enfin installé sur nos places inconfortables. Comme si on avait la peste et que d’être dans notre présence pourrait menacer leur vies. Bon pas grave. Plus de place pour nous.

« Pitoyable. » avais-je soufflé en voyant leur réaction.

Mais oui ! Pourquoi pensaient-ils tous qu’on allait leur égorger de premières vues ? Y-avait-il personne qui connaissait nos principes ?

Mes pensées étaient entrain d’envahir ma tête, quand j’aperçu que le monde autour de nous se calmait et le silence revenu plus ou moins vers la surface. Le spectacle allait commencer. Au début, c’était la curiosité qui m’avait mené à payé attention à ce qu’il ce passait là en bas, mais au fil du moment, j’étais captivé par les mouvements de ces acrobates. C’était comme des flashs de mouvements de batailles que je voyais devant mes yeux. Gracieux, vite, magnifique et digne de louange. Je m’imaginais facilement que ces artistes pouvaient être de fabuleux guerriers si on en aurait besoin un jour. Je n’en doutais même pas.

Je n’avais pas remarqué le temps passer si vite. Après de ce qu’il avait l’air de cinq minutes, un nouveau numéro passait. Et encore et un. Et encore… Très vite, c’était le tour à une jeune fille qui avait l’air d’être assez agile. Je ne voyais pas grand-chose de très détaillé, mais elle avait l’air d’apprécier d’être là. Presque heureuse et fière d’être ce qu’elle était.

J’avais été surpris quand une lumière m’illumina à moitié si soudainement. Toutes les petits têtes devant moi et à mes côtés tournaient vers notre direction mais ne s’arrêtaient pas sur moi, mais sur ma compagne. * C’est quoi ce truc ? * C’était que quand je voyais la fille en bas faire des signes que je compris.

« Que c'est chou, une Damoiselle rien que pour moi ! Allez, descendez pour venir jouer ! Et si on l'applaudisait, dites ? »

C’était presque en même temps qu’on avait tourné nos têtes pour se visé l’un l’autre. Le visage d’Eléanora qui cachait tellement de trucs, était comme un livre ce soir. Très facile à lire. Je ne pus m’empêcher de lui chuchoter à l’oreille :

« Ce n'est pas moi qui a proposé d’aller se détendre au cirque... » et j’y ajoutais un rire totalement imprévu.

Trop contente que Shiro accepte de s'essayer à une nouvelle activité, je voulais que tout soit parfait. Futile pensée, mais je me sentais responsable de notre sortie : c'était mon idée, si ça ne se passait pas bien, j'en mourrais de culpabilité.

Ainsi, nous avions communément décidé de ne pas s'y rendre trop tôt - ma principale raison étant la peur que le temps se fasse long et que l'ennui nous emporte. Mais dès la fin de la matinée, la ville commença à se vider : au compte goûte, les Albertiens se dirigeaient vers la forêt. De la fenêtre de notre chambre, je les observais. Nous n'étions pas sortis car je voulais éviter que les menaces d'exclusion de l'aubergiste ne prennent forme : " si jamais vous voulez vous ralliez à votre cause, je serais là jusque demain matin, derrière le bar, et au cas contraire, j'espère que vous vous êtes plus au Roulin Mouge ". Autant éviter de commencer cette journée sur un mauvais pied et... l'aubergiste n'oserait plus venir dans la chambre pour réclamer notre décision.

Nous avions donc attendu que la faim nous force à sortir pour quitter l'auberge incognito, et nous franchîmes la porte nord de la ville peu après. C'était un chemin qui traversait la forêt. Il ne devait pas aller bien loin, c'était probablement un cul de sac. Ca ressemblait plus à un sentier arpenté plusieurs fois par tous les habitants de la ville, quelques charrettes et des chevaux de surcroît. Je m'étais attendue à ce qu'il y ait moins de gens, mais l'enthousiasme avait bien gagné la ville entière. On aurait dit que ce jour était unique et hors de tout. Les habitants avaient-ils oublié si facilement les évènements de la veille ? Demain, la vie reprendrait-elle son cours normal, comme si rien ne s'était jamais passé ? Etais-j-... Etions-nous, Shiro et moi-même, les seuls à encore nous soucier de la révolte naissance ?

Me surprenant à y penser, je me concentrai sur la fête. Si aujourd'hui était un jour d'insouciance hors du monde, alors je voulais en profiter également.

En observant les alentours, je remarquai que nous nous trouvions dans une sorte d'ancien site qui avait dû être, pendant un moment, abandonné. Tout autour, quelques murs tenaient encore debout, et ci et là, des plateformes de pierre, des colonnades, des escaliers et des décombres sur lesquels la végétation avait repris le dessus étaient affectés à de nouvelles fonctions. Les plateformes servaient aux jongleurs et aux magiciens à se mettre en valeur, les colonnades étaient le temple des acrobates, les escaliers servaient de sièges et le tas de pierres couvert de mousse et d'un immense chêne faisait le bonheur des enfants.

Jetant un coup d'oeil à Shiro, qui marchait à mes côtés, je vis qu'il abordait à peu près le même air paniqué que moi auparavant. Je lui donnai un petit coup de coude et lui souris comme une enfant. Si nous nous laissions porter, tout se passerait bien. La foule se faisait plus dense, au fur et à mesure que nous approchions le cirque. Des mères, ayant perdu espoir en leurs chances de les ramener à l'ordre, regardaient leurs enfants courir dans tous sens en criant et en riant. Ci et là, des petits groupes admiraient les prouesses des forains chargés de divertir les Albertiens avant le grand spectacle et des amoureux s'isolaient entre les arbres, alors que la majeure partie des gens se dirigeaient vers l'amphithéâtre. Nous fûmes de ceux-là. Shiro gratifia la guichetière de quelques pièces, visiblement à regret, et nous partîmes chercher une place assise.

L'amphithéâtre était un cirque de pierre, probablement avait-il était majestueux quelques siècles plus tôt. Maintenant, certaines marches en étaient détruites et l'irrégularité régnait. Contrairement à mon attente, Shiro se dirigea vers une place bien au milieu des spectateurs, à peu près en face des décors. Un fils avait été tendu en hauteur, du sable avait été répandu sur le sol au centre du cirque et tout autour de la scène, des lampes pendaient à des cordes pour éclairer. Un grand feu brûlait également, à l'arrière.

Shiro et moi nous assîmes, essayant tant bien que mal d'avoir un air naturel. La place qu'il avait repérée de loin s'était élargie lorsque nous allions nous asseoir, et peu après que nous fûmes installés, un couple changea de place, et nos voisins de gauche se reculèrent - presque - imperceptiblement.

" Pitoyable. " laissa échapper Shiro.

Je ne relevai pas, et observais passivement les alentours en essayant de ne pas fixer, ni dévisager. Nous étions passés comme des ombres à l'extérieur, ne profitant qu'à moitié de cette atmosphère joyeuse et légère. J'espérais que le spectacle soit à la hauteur des dires...

Et il le fut. Une poudre magique recouvrait les forains alors qu'ils présentaient leur numéros avec énergie, faisant briller les yeux des Albertiens. Voilà les jongleurs qui jouent de manière si insouciante avec des quilles enflammées, et le dompteur marchant sur une grosse boule fait faire à son cheval blanc les danses les plus précises. Deux funambules se rejoignent en exerçant toutes sortes de feintes, et quelques clowns rendent l'affaire plus corsée encore. Un oiseau de proie fait des allés retour dans le public pour chercher les quelques souris mortes déposées près de spectateurs bien définis. Vient le numéro d'une petite clown habile dans le lancé de couteaux, qui prend un malin plaisir à ridiculiser gentiment quelques mauviettes ou faraud des premiers rangs. Tour spécial, un courageux du public est demandé. Le faisceau de lumière balaya longuement la foule, me faisant retenir mon souffle à chaque fois qu'il me survolait. * Détends-toi un peu va ! Personne ne voudrait de toi sur scène. *.

Alors que je commençais à me détendre, le faisceau m'illumina. Il s'était arrêté sur moi.... j'étais choisie ! Non, non,... non !

" Que c'est chou, une Damoiselle rien que pour moi ! Allez, descendez pour venir jouer ! Et si on l'applaudisait, dites ? "

Directement, je m'étais tournée vers Shiro, suppliant son aide. Il y eut un moment de confusion, pendant lequel les quelques personnes qui n'avaient pas vu sur qui la lumière s'était arrêtée applaudirent. Visiblement, nous n'étions pas populaires et le choix du maître de l'éclairage demeurait mystérieux à mes yeux. Que voulait-il ? Ridiculiser une Assassin ? Prouver au monde que nous n'étions que de vils ombres asociales faites pour tuer et incapable d'assister à une représentation sans se faire remarquer - négativement ? Ne tolérait-il pas que nous venions dans son cirque ?

" Ce n'est pas moi qui a proposé d’aller se détendre au cirque... " trancha Shiro sans s'empêcher de rire.

C'aurait dû être lui qui soit choisi ! Il savait gérer un public, et parler devant tant de gens. Moi, je n'étais bonne qu'à rester derrière. Mon élément, c'était l'ombre, la discrétion. Alors allons-y pour être discrets au milieu d'un cirque ! Je pris une respiration, les yeux fermés. J'allais leur prouver que les Assassins n'étaient que des gens respectables, pas des zombies paranoïaques sans autre but que de tuer. Je me levai sobrement, et remonta les gradins pour faire mon chemin vers le centre de l'amphithéâtre. J'ignorais quelle expression afficher, ainsi fermais-je mon visage. Mieux valait rester sobre.

Mais tout devait bien se passer. Pour Shiro. Nous avions besoin de cette pause. * Eléanora, comporte toi comme quelqu'un de normal ! * m'ordonnai-je en redescendant les marches là où le passage était possible. Imperceptiblement, pourtant, je vérifiai que mes poignards étaient en place à ma ceinture. Arrivant sur la partie sableuse, là où se jouait le tout, j'attendis la suite des évènements, les bras le long du corps. Je balayai rapidement les spectateurs. Toute la ville s'était déplacée... il y avait vraiment, vraiment plus de gens que je ne l'avais cru la veille.

Faisant face au public, j'attendais que la clown enchaine. Que faire, en attendant ? Je me sentais stupide, debout, immobile, à attendra alors qu'une mille yeux étaient fixés sur moi. Oui, bonjour, je suis l'élue de leur sale petit jeu et la victime de cette satanée clown jusqu'à nouvel ordre. Non, je ne suis pas une habituée de ce genre d'activités. Oui, je préfèrerais me faire oublier derrière un rideau. Non, je ne vais pas tous vous tuer simplement parce que je porte une écharpe rouge et deux poignards à la ceinture. Ils me servent aussi à sectionner des cordes ou à couper des pommes, lorsque ça me chante. J'adhérais maintenant au "pitoyable" qu'avait lâché mon compagnon avant le commencement du spectacle. Que penser d'autre de cette foule de gens hésitants au premier rang ? Heureusement, tout le monde n'était pas comme ça. Certains savouraient le spectacle, espérant qu'il y ait de l'action. Ils n'étaient pas meilleurs. D'autres encore étaient indécis, mais se comportaient en tout spectateur docile.

La clown s'approcha de moi en accomplissant toutes sortes de petits mouvements suspects et inutiles. Je ne réagissais pas, la regardant alors en essayant d'ouvrir mon visage. Avoir l'air ouverte et sociable. Pfff... dans quelle situation me retrouvais-je ?

" Alors, est-ce que la Damoiselle a un petit nom ? " s'exclama-t-elle. " Je voudrais pas vous héler " L'Etrangère ! " au beau milieu du numéro. Ce n'est pas l'usage de la maison. Si vous ne m'en donnez pas, pas grave, je vous en trouverai, moi ! Foi d'agrume ! "

Allais-je donner le mien ? Qu'en ferait-elle ? Était-ce une bonne idée ? Que risquai-je ? Je détestai être prise au dépourvu ! En même temps, ça n'était pas la première fois ce soir et ça n'allait pas aller en s'améliorant, remarquai-je. Et quoi faire avec ma règle principale ? Mon code d'honneur "ne jamais se laisser surprendre". Je pouvais prévoir les coups, les trahisons, les retournements de situation... mais les vulgaires questions d'un clown me prenaient au dépourvu. Grrr... je déteste le cirque ! * Mais pour Shiro... pour la Guilde, je dois prouver que nous ne sommes qu'humains * insistai-je auprès de moi-même.

Ainsi optai-je pour la vérité. Toutes ces pensées, tout ce cheminement, mais que quelques secondes écoulées. Le pire restai à venir. Comment allais-je le dire ? Répondre simplement "Eléanora" serait surement considéré comme sec. Répondre "Je m'appelle Eélanora" serait trop... classique. Répondre par de jolies phrases... j'en serais incapable ! Je doutais même de Shiro. Après tout, ce dernier était doué pour mener les conversations, faire de beaux discours, poser les questions... j'étais incapable de l'imaginer dans ma situation, de toute manière. Bon, ça réponds pas à la question, tout ça.

" Je suis- Eléanora. " dis-je après avoir pris une grande inspiration.

Encore une fois, je ne suis pas insensible au poids des mots. Je n'avais pas prononcé la courte phrase assez fort pour que toute la salle comprenne, mais juste au volume d'une conversation normale. J'affichai un air plutôt digne, presque fier, mais ce n'était qu'une feinte pour masquer mon peu d'assurance. Première question, première épreuve, check. La suite, s'il-vous-plaît.

J'avais été enjouée par l'idée d'allée au cirque accompagnée de quelqu'un d'autre mais en même temps j'appréhendais la réaction de Dalaïr aux vues du monde qui se déplaceraient. Toute la journée je tournais en rond, tellement que mon père en eu assez et m'expédia à l'extérieur de la boutique. Je patientai donc dehors observant les gens ici et là et surtout attendant que le soleil se couche enfin. Quand l'idée du cirque commença à se faire sentir dans les esprits je me levai de ma marche d'escalier et descendis à toute vitesse la rue. J'atteignis le cirque presque 10 minutes plus tôt que je ne l'aurais crus, j'attendis un petit moment Dalaïr, puis nous partîmes payés nos places.

Le cirque était accueillant et immense, se dressant fier il laissait entrevoir des dizaines et des dizaines de personnes déjà assises, oui le cirque était vraiment magnifique ! Je pris le temps d'observer les moindres recoins du cirque avec un grand sourire, je ne regrettais pas d'être venue ici ce soir, au contraire je sautillais presque sur place, avec hâte je faillis tomber à la renverse dans les escaliers, me rattrapant de peu je m'asseyais là, je jetais un regard pour voir si Dalaïr m'avait bien suivit puis balayait du regard la salle.

Je vis les spectateurs en face de moi faire des mouvements suspects peu avant le spectacle, comme si ils étaient effrayés par quelque chose ... mais quoi ! Mon regard scruta rapidement l'autre côté de la salle et c'est alors que je les vis, eux, encore eux ! Je pouvais dire ça mais je ne les avait jamais vu eux et Dalaïr en même temps, dans le même endroit de ce fait le "encore eux ! " n'était pas justifier mais quelque part au fond de moi, après les avoir vu je savais ma soirée gâchée. Je me demandais ce que je devais faire il fallait que Dalaïr ne les voit pas, déjà je reprenais mon sourire enjoué et dès que la lumière s'éteignit mon regard se porta de nouveau sur la scène.

Je regardais les acrobates aller et venir dans une danse merveilleuse pour les yeux, le spectacle était vraiment magnifique à voir. Je ne vis plus le temps se dérober sous mes yeux, tout ce passait bien pour le moment, je ne pensais même plus aux personnes en face de moi. Quand vint le tour d'une fille véritablement heureuse d'être là, grand sourire aux lèvres et un air gamin scotché sur le visage. Le début commença bien mais quand elle vint à faire participer le public, le faisceau lumineux traversa la pièce et hésita quelques secondes pour finalement s'arrêter ... sur elle ! Oui elle, cette fille, cet assassin... Eléanora ... Un murmure m'échappa :

" C'est pas vrai ... ! Je le savais ... ! "

J'enfouis mon visage dans mes mains, je n'avais aucune envie de regarder l'expression du visage de mon compagnon, je me l'imaginais déjà trop bien. J'écartai légèrement les doigts et vis le visage choqué de cette fille et le visage incompréhensif - passant bientôt au visage rieur - de son compagnon.
Je savais que ma soirée allait être maudite et pourtant j'étais persuadée de la gentillesse d'Eléanora, oui même sans la connaitre.

" Que c'est chou, une Damoiselle rien que pour moi ! Allez, descendez pour venir jouer ! Et si on l'applaudisait, dites ? "

Elle avait l'air confiante, un peu déstabilisé mais confiante, elle se leva rapidement et rejoignis la jeune fille plutôt lentement, ignorant les murmures du public s'élevant derrière elle. La jeune femme eut conscience de ce qu'était Eléanora, elle ne se démonta pas pour autant après tout comment aurait-elle pu faire, refaire le tour de la salle avec le faisceau lumineux? A mon avis elle préférait Eléanora à S.. Si.. Sh.. Shi.. - Mince comment s'appelait-il déjà?? ... Shiro il me semblait - bref, j'aurais préféré aussi Eléanora.

" - Alors, est-ce que la Damoiselle a un petit nom ? Je voudrais pas vous héler "L'Etrangère !" au beau milieu du numéro. Ce n'est pas l'usage de la maison. Si vous ne m'en donnez pas, pas grave, je vous en trouverais, moi ! Foi d'agrume ! "

Eléanora sembla perdre sa confiance en elle, elle hésita se demandant comment les gens dit "normaux" répondraient sans doute. Elle essayait dans sa tête de sortir une phrase la plus humaine possible, l'espace d'un instant elle hésita encore puis elle repris son masque et son air assuré, et répondis tout simplement :

" Je suis- Eléanora. "

Après cette réponse, j'hésitais, Dalaïr n'avait pas sortit un mot de toute la soirée était-il furieux, triste, peiné, en colère, étonné, ou au contraire, joyeux, enjoué,... (ce qui m'étonnerait fortement bien évidemment mais je n'enlevais aucune possibilité il était tellement imprévisible), je doutais, que devais-je faire ?! Je me doutais que la réaction de Dalaïr allait être soit instinctive soit très ... étonnante ou encore stupide mais je ne pourrais rien faire pour l'en empêcher alors à quoi bon hésiter, je retirai ma tête de mes mains et osai enfin regarder Dalaïr ...

Je me réveillai tranquillement dans la chambre, encore habillé des vêtements de la veille. J'avais un peu mal au crâne, mais moins que ce que j'avais imaginé. J'avais le sentiment de devoir faire quelque chose d'important aujourd'hui. Ha oui ! Le cirque ! Avec Marjorie. Je pensais à elle. Notre "amitié" s'était démarré d'une façon bien bizarre mais je ne pouvais lui faire faux-bond. J'avais dit que j'irais, alors j'irais ! Je me trempai un peu dans la bassine d'eau disposée dans la chambre. Puis me sèchait et me rhabillai.

Marjorie m'attendait a l'entrée de l'auberge. Nous traversâmes la vile sans échanger un mot. Arrivés au cirque, je sentis tout de suite mes entrailles se contracter. C'était immense ! Et cette foule ! Ca me donnait un mal de tête incroyable mais n'en laissait rien paraître. Dans quelle diablerie m'étais-je embarqué ? Nous payâmes nos places et nous installâmes. Les numéros se succédaient. Des trapézistes, des jongleurs, des clows. Tout cela m'ennuyait, et je ne parvenais pas a me distraire. Marjorie semblait assez contente, alors je me forçai à sourire un peu, ne serait-ce que pour lui faire plaisir. Elle avait été gentille avec moi, je lui devais bien ça. Mais après, que ferais-je ? Je chassai ces pensées de mon esprit et me concentrai sur le spectacle. Un clown parcouru la tribune devant et choisit une spectatrice. Non ! Je me frottai les yeux, pensant rêver. Mais non, c'était bien Eléanora. La première chose que je fus fus de rire ( si si ca a un sens ). l'idée de voir Eléanora exposée ainsi en public me rendait hilare. Puis je regardais l'homme qui l'accompagnait : mon frère ! Mon petit rire fut coupé net et de nouveau, des larmes me montèrent aux yeux. J'étais venu ici pour oublier et voilà que tout me revenait.

" Que c'est chou, une Damoiselle rien que pour moi ! Allez, descendez pour venir jouer ! Et si on l'applaudisait, dites ? Alors, est-ce que la Damoiselle a un petit nom ? Je voudrais pas vous héler "L'Etrangère !" au beau milieu du numéro. Ce n'est pas l'usage de la maison. Si vous ne m'en donnez pas, pas grave, je vous en trouverais, moi ! Foi d'agrume ! "

" Je suis Eléanora "

Ce nom sonnait comme une sentance pour moi. D'un petit mouvement discret, je vérifiai mes dagues, toujours accrochées a mes côtés. J'entendis Marjorie murmurer mais je ne compris pas le sens de ses paroles. Puis elle se tourna vers moi. Je ne me voyais pas, mais j'imaginais bien la tête que je devais avoir. Un mélange de colère, de haine, de tristesse et de résignation.

" Décidement, je n'aurais jamais la paix ! "

Je m'apprêtais a me lever, une main posée sur ma dague droite quand un bras me retint ...

Je ne fus pas déçue, il ne cachait vraiment pas bien ses émotions, je fus prise d'un petit rire nerveux qu'il ne dut même pas entendre. Il était triste, en colère et résigné à faire quelque chose. Euh.. Résigné à faire quoi exactement ?! Qu'allait-il faire encore ?! Et qu'est-ce que moi je devais faire pour l'en empêcher ?! Il prit la parole mais en ne s'adressant à personne en particulier sauf à lui seul je supposes.

- " Décidement, je n'aurais jamais la paix ! "

Il commença à se lever la main sur sa dague.. Je n'eus qu'une demi-seconde pour comprendre que je devais empêcher ça ! Une demi-seconde pour réfléchir à tout ce que je pouvais faire, à toutes les possibilités qui s'offraient à moi - ou du moins que j'étais encore capable d'imaginer - je pris son bras et le serrait le plus possible - avec une force digne d'un moineau certes mais le plus fortement que je puisses faire -, il n'essaya pas de se dégager, cependant je ne lâchais pas la pression.

J'essayai de le repousser en arrière mais je n'étais quand même pas assez forte pour ça. De savoir qu'il ne me repoussait pas alors qu'il aurait pu aisément me casser le bras me soulageai énormément. Mais qu'est-ce que je pouvais lui dire. Lui dire un truc dans le genre de "Non ne tue pas Eléanora" ferais vraiment stupide et idi*t, ça ne changerait rien du tout. Bon soit, j'essayerais de faire court :

- " Arrête, ne fait pas ça. En quoi ça arrangerait les choses ?! Ne gâche pas la soirée ! Ça ne fera pas revenir ton frère, non c'est pas comme ça que tu le retrouveras ... "

Spoiler:

Je ne me sentais, bizarrement, pas très aimée. J'évitais le regard du public, je n'osai même pas chercher Shiro des yeux, de peur que la foule perçoive mon désarroi. Mon visage figé dans sa mimique intouchable, mon regard suivait la clown dans ses allés-retours. Dire que je m'étais crue invincible. J'avais voyagé aux quatre coins de Midgard, mené des enquêtes, eu raison de nombreux gardes surentrainés, tué proprement des personnalités appartenant à de nombreux empires. J'étais pourtant bien au dessus des jeux de cirque. *Mais j'avais été avec Shiro, ici, j'étais seule* pensai-je. Je lui en voulu, mais rapidement, je me remémorai que c'avait été mon idée de venir, et que je devais prouver, justement, que j'étais bien au dessus des jeux de cirque.

" Ma chère Eléanora, nous avons toutes les raisons de croire ici, au CIL, que vous êtes faites pour ce numéro ! C'est super simple, je ne vous demanderai pas la lune. Enfin pas encore, gente dame, je laisserai cette partie du programme à vos soupirants les plus chevronnés ! "

Ma chère, gente dame, vos soupirants, ... ? Je devais m'accrocher pour me souvenir, au fil des mots, que c'était à moi qu'elle parlait. Concentrée comme avant une mission, j'eus quand même du mal à comprendre. Donc, ce serait simple ? C'était la seule information importante. Je commençais à être fatiguée de tous ces gens qui aiment parler. Était-ce si dur d'abréger ses phrases pour ne communiquer que les éléments importants ? Enfin... Nous n'avions pas une conversation normale, mais nous nous trouvions au centre de l'animation. C'était son rôle de rendre le spectacle potable en enjolivant le manque d'action par de beaux mots. Je devais reconnaître qu'elle était douée.

Sans m'en dire plus, elle commença les préparations, et je suivis chacun des mouvements : elle exécuta quelques pas de danse, ce qui sembla être le signal pour que d'autres forains, cachés en coulisse et en hauteur, lui lancent des assiettes. Elle m'impressionna un moment par son habilité, et sans que j'en eus conscience, mon masque d'indifférence s'envola, et j'affichai un visage presque étonné. Mais sa rapidité la vendit avant que je pus lui accorder de l'admiration. Il me semblait y voir une structure. Chacun savait exactement quand il devait envoyer l'assiette, et elle savait exactement qui lui enverrait, et où se trouverait cette personne. Je découvris cela lorsqu'elle se retourna juste avant qu'une assiette soit lancée. Un sourire en coin parvint à mes lèvres. C'était très bien mis en scène, presque imperceptible. Ces forains étaient doués... et ils avaient beaucoup de temps à perdre en répétitions.

Fière de cette découverte, je risquai un regard en direction de Shiro. Quelle moue stupide je devais afficher, perdue entre l'enthousiasme, la fierté de la découverte, et la peur de la suite ! Tout était prévu, tout était planifié... et je ne connaissais pas les plans.

La clown, ayant récupéré toutes les assiettes, entrepris de les disposer en rangées. Ses mimiques exagérées et ses farces ne m'impressionnaient pas, et me faisaient encore moins rire, mais le public s'en détendit, et adhéra au spectacle. Lorsque tout fut près, ou presque, un autre forain vint lui apporter un gâteau. De la vraie pâtisserie... Et ça semblait délicieux. Je n'avais plus eu l'occasion, depuis un bon moment, de goûter à ces mets luxueux. Peut-être que la dernière fois que j'avais touché à un tel dessert, Shiro et moi séjournions chez un riche marchand dont nous avions croisé la route, et qui s'était avéré être un philosophe très ouvert et envieux d'en savoir plus sur notre credo. Je ne me souviens plus tellement des longues conversations qui avaient animés les deux jours que nous avions passés chez lui... mais je me souviens de ses cuisiniers talentueux et de ses repas onctueux.

Qu'allait-elle faire endurer au gâteau ?

" Pour le moment, vous devez juste me lancer ces assiettes. Ce ne sont pas des frisbees, alors tentez autant que possible de ne pas les jeter trop fort. Et je saupoudre de... permettez que je vous serve du gâteau. Délicieux. Aux framboises. Je vous donnerai l'adresse de la pâtisserie si en ce moment la cuisinière n'est pas en train de se faire mousser dans l'assistance ! "

Informations utiles : lancer assiettes, pas trop fort. Elles étaient faite de bois, et semblaient plutôt lourdes. Mais elles volaient bien, comme j'avais pu le voir lorsque les forains faisaient voler les assiettes vers la clown. Cette dernière entrepris d'ailleurs de couper le gâteau en plusieurs morceaux. L'absence d'outil, et la grossièreté avec laquelle elle s'adonnait à cette tâche fit encore rire le public. Décidément, ils avaient un humour assez bas. Moi, la voir charcuter la pâtisserie aussi vulgairement pour l'utiliser dans un spectacle me désolait un peu. Et la voir lécher ses doigts avec tellement d'ardeur me donnait très envie d'y goûter moi aussi.

Elle s'éloigna alors de moi en de bonds variés. Elle était habile et le montrait excessivement. *C'est son rôle, sa profession, son utilité dans le cirque* me répétai-je. Mais un goût amer me montait à la gorge. J'étais capable des mêmes choses, mais je n'étais pas obsédée par le spectacle, moi. *Tout le contraire...*.

Après m'être sentie horriblement à côté de mes pieds, je commençais à me sentir "de trop". Pendant qu'elle faisait chanter le public, qu'étais-je supposée faire ? Attendre là, debout, les bras le long du corps, qu'elle daigne me donner des instructions plus claires ? Le public m'avait également oublié, il semblait. J'étais dans son ombre... j'étais dans l'ombre. Ça ne me déplaisait pas. Elle finit par se laisser tomber en douceur accroupi, et son visage se figea dans un sourire ravi, bien qu'elle reprenne un peu son souffle et que ses joues étaient rougies.

Le grand spot lumineux qui m'avait désigné auparavant retomba sur moi. C'était à mon tour de "bouger".

" Te lancer des assiettes, hein ? " récapitulai-je très bas.

Je m'accroupis, et pris une assiette de gâteau, réalisant soudainement que j'avais faim. On a toujours faim, dans ces moments. Inspirant profondément, je me relevai, et lançai le projectile dans sa direction. Ce ne fut pas un très bon tir.

Spoiler:

Plus l'assiette volait, plus elle s'éloignait de la clown. Comme j'avais honte... Tous ces gens voyaient mon incapacité et qui payaient pour cela, qui plus est ! Je détestais la lumière des projecteurs, ce public qui nous fixait...

Mais contre toute -mon- attente, la foraine se jeta sur la trajectoire du projectile et intercepta l'assiette et son contenu avec son dos. Ainsi était-elle maculée de tarte et pouvait-elle enchainer avec sa part du spectacle, me laissant à l'autre côté de la piste, honteuse. Ce n'était qu'une satanée assiette, bon sang ! Moi qui excellait dans le lancé de poignards, moi qui aimait intimider mes adversaires avec ma parfaite maitrise de cet art... J'avais lamentablement échoué au défi de la clown. Mon égo en avait pris un coup... mais je croyais être consciente qu'en me rabaissant à ces jeux de spectacles, ma fierté devrait se montrer prête à encaisser.

" Vous n'avez pas encore le bon coup de poignet, Damoiselle ! " s'exclama l'artiste en s'adressant autant à moi qu'au public. " Croyez-en mon expérience, sinon, c'est en pleine figure que je l'aurai réceptionné. Allez, vous y arriverez ! Il en reste encore et j'ai diablement faim ! Vous avez plus de chance de me toucher en visant... l'éclairagiste disons ! Allons bon, ce n'est qu'un gâteau, quelques bouchées pour le public ne serait pas de refus il me semble ! "

Le public s'enthousiasma à cette idée et la clown réchauffa encore l'ambiance en se débarrassant des morceaux de gâteau en se trémoussant. Les enfants et ceux qui avaient l'humour léger rirent de bon cœur en voyant la crème se détacher du dos de la foraine, mais les yeux de certains spectateurs moins innocents pétillaient en voyant sa silhouette frétillante. Visiblement, certains ne venaient pas seulement pour les tours de magie. C'était une mode de riches à Comodo (la ville des Plaisirs) : ils aimaient afficher leur aisance et leur pouvoir en gaspillant de la nourriture sur des femmes, qui s'en couvraient et déambulaient en délectant le regard des nobles pourritures de la ville. C'était une sorte de pécher-mignon qu'avaient les crapules... comme certains hommes du public. Ça me dégoutait. A voir la clown, elle savait parfaitement mais n'en avait cure. J'admirais sa maîtrise de soit, quand même, je ne pouvais pas me vanter de savoir en faire autant.

Elle se repositionna en face de moi et lécha ses babines en m'invitant à réessayer. Hésitante, je ramassai une assiette. Devrais-je m'appliquer, ou lancer rapidement, pour ne pas impatienter le public ? Si je ratais une nouvelle fois si lamentablement, je ne saurai plus où me mettre... Je fis balancer l'assiette, essayant de trouver son équilibre et de stabiliser son maintient. Mon regard était fixé sur son visage, et je voyais la clown comme rien de plus qu'une cible. J'étais concentrée au plus haut point et pourtant, une parole me revint en mémoire : " Vous avez plus de chance de me toucher en visant... l'éclairagiste disons ! ". Je lançai l'assiette.

L'un des spots lumineux se déstabilisa. Pendant une fraction de seconde, la flamme qui brulait en son centre et qui contribuait à l'éclairage de la scène dansa, puis un énorme poids fit basculer l'ensemble vers le sol (c'est-à-dire vers le sable de la scène). Beaucoup de spectateurs crièrent et pendant un moment, la confusion plana dans le cirque. L'autre spot scénique brillait toujours, éclairant la moitié du centre - la moitié dans laquelle je me trouvais... Mais les bons vieux réflexes reprirent vite le dessus. Je jetai un coup d'œil en direction de Shiro mais, ne le trouvant pas dans la pagaille générale, je décidai de prendre l'avance. De toute manière, entre lui et moi, c'était moi qui était la plus à même à m'avancer vers la zone sombre.

Le cirque n'était pas vraiment divisé en une zone sombre et en une zone éclairée : avant le présumé accident, quatre spots éclairaient le lieu de spectacle. L'un d'eux était tombé de son surplomb, et s'était écrasé dans le sable. Les autres sources lumineuses éclairaient encore l'ensemble, mais un coin s'en trouvait assombri. Coin vers lequel je me dirigeai en courant, passant à côté de la clown et, quelques pas plus loin, de la deuxième assiette que j'avais lancée.

Au centre de la demi-sphère métallique, la grosse lampe à huile brûlait toujours. Le réservoir de verre épais avait survécu à la chute, probablement grâce au sable, qui l'avait amortie. Par contre, elle n'évacuait plus de fuseau lumineux : la loupe qui fermait la demi-sphère s'était, elle, brisée en innombrables morceaux. Mais il n'y avait aucun doute : c'était la source de lumière concentrée, celle qui était chargée des effets de lumière. Les dégâts n'étaient pas énormes, bien qu'une pareille lampe dût être coûteuse.

La cause, maintenant. L'homme chargé de ce spot lumineux avait-il failli à son poste ? La réponse était non. Il avait été dans l'incapacité de le faire, et c'est une grave nuance qu'il fallait faire : son corps gisait près de son complexe lumineux. Vu sa position, il avait dû tomber sur sa machine et occasionner ainsi sa chute. Le corps reposait sur le ventre. Je m'accroupis à ses côté et le retournai : un beau poignard argenté avec un manche incrusté d'une rubis perçait son thorax... le pauvre l'avait eu en plein cœur.

Comme je me sentais bien, inspectant ce corps et cette lame, en tant que première sur les lieux de ce qu'on pourrait appeler un désastre. Une chose était claire : la soirée était ruinée. Peu m'importait, à moi : j'avais eu ma dose de scènettes et de spectacles. Enfin délivrée de l'oppressante chaleur que dégageait l'autre éclairage scénique, je pouvais respirer. Cet homme était mort, assassiné. Et l'arme du crime était une pure beauté.

Étais-je excitée ? La réponse est oui. J'étais visiblement incapable de m'amuser dans une mise en scène théâtrale impliquant un public, des spots lumineux et des projectiles couverts de gâteau à la framboise. Au moins, j'aurais essayé. Mais ce renversement de situation était... ravissant. Comment ne pas se laisser embraser par l'étonnement général, par le désœuvrement des forains dès que quelque chose dépasse leur organisation minutieuse, par un nouveau mystère ? J'étais consciente d'être la seule à être sensible à la beauté de l'acte, ainsi tus-je mes impressions. D'autres gens arrivaient, à peine une petite minute après moi. Voyons ce que eux en pensaient...

D'autres silhouettes se découpaient dans le contre jour occasionné par le spot défectueux. Un petit groupe s'approchait, pas spécialement effrayé par le décor déchu de l'infrastructure, mais plutôt organisé, et solide. Un homme apparut, indépendamment, passant devant eux sans se soucier de rien, et il vint se positionner près de moi. Shiro m'avait rejoint et je le gratifiai d'un regard chaleureux... et embarrassé.

" Ah… c’est pas toi. "soupira-t-il.

Que signifiait cette phrase ? Mon regard couvait son visage, et je fonçai les sourcils. Il avait l'air soulagé de me voir, mais il ne sautait pas de joie non plus. Quelque chose le retenait-il ? Ce n'était pas moi... qui quoi ? Soit ce n'était pas moi le cadavre, soit... ?

Il s'accroupit à mes côtés et je posai doucement le corps sur le sol, sur le dos, avant de me reculer un peu pour lui faire de la place. Il était concentré, et respirai lentement. Son souffle connu un sursaut quand ses yeux se posèrent sur le poignard. Sa main se tendit, hésitante, puis se rétracta avant de l'avoir touché. Vu son hésitation, mon propre bras se leva vers le manche, et je l'empoignais pour l'arracher de la plaie. J'observai minutieusement l'objet à la clarté de la petite flamme qui persistait dans de la lampe à huile. Ses yeux se levèrent vers moi, et je détachai les miens du poignard pour comprendre mon ami.

" Il a été transpercé avant de tomber : il est probablement mort sur son artifice lumineux, et c'est sa chute qui a fait basculer l'ensemble de la passerelle. " récitai-je. " Bon tireur : l'arme était perpendiculaire à la poitrine, le pauvre l'a eue en plein cœur. Le poignard est un vrai bijou : lame en acier poli surmonté d'argent à sa base, avec un manche en bois incrusté de ce gros rubis. "

" Comment quelqu’un de cette ville peut-il posséder un poignard ainsi ? " chuchota-t-il en se rapprochant de moi.

" Si ce n'est le joyaux d'un héritage familial qui traverse les générations depuis bons temps, aucun habitant de cette ville n'est en mesure de posséder pareille richesse. " répondis-je catégoriquement.

Les forains interrompirent notre conversation, ils se postèrent en demi-cercle autour de nous. Quelques inspirations surprises et exclamations d'horreur se firent entendre, mais la plupart avaient appris à se tenir. Quelques albertiens particulièrement curieux s'étaient également fait une place de premier choix dans la supervision de la scène ; ils se taisaient, mais bouillaient intérieurement. Ils n'étaient pas habités de la même excitation que moi : la mienne était chaleureuse, elle aiguisait mes sens, mettait mes nerfs à fleur de peau, et faisait courir des colonies entières de fourmis le long de ma colonne vertébrale. C'était une excitation sourde, contrôlée. Eux sautillaient sur place, avaient les yeux pétillants et étaient dirigés par leurs instincts primitifs. Quelle bétail !

Une rumeur était lancée : " Isaac... c'est Isaac. " Un homme, ne se tenant plus, coupa les rangs et se laissa tomber près du corps alors que Shiro et moi nous relevions. Je tenais fermement le poignard. L'homme, après avoir reconnu le cadavre, cria de désespoir et releva son regard embrumée vers moi.

" Vous l'avez tué ! Vous avez tué mon frère ! C'est vous qui l'avez tué ! "

Ses paroles respiraient la folie... mais le sol ne s'en déroba pas moins sous mes pieds. Comment pouvait-il m'accuser !? J'étais au centre de l'attention générale ! J'avais... une soucoupe de gâteau à la framboise en main ! Le pauvre homme perdait la raison, voyant son frère disparaître. Personne ne le croirait. Impossible.

" Elle l'a tué ! Démons ! Assassins de l'enfer ! "

Je lâchai le poignard et implora Shiro du regard. C'était lui qui parlait. Moi, ma langue était désintégrée dans ma salive.

« Si ce n'est le joyaux d'un héritage familial qui traverse les générations depuis bons temps, aucun habitant de cette ville n'est en mesure de posséder pareille richesse. »

Oui. C’est bien ce que je voulais dire. La liste de suspects possibles n’allait pas avoir la largeur d’une ville. Déjà un point positif. Mais on n’était pas venu ici pour jouer aux détectives. Bien que je veuille aider les villageois, les regards qui nous étaient lancé me troublaient. Peut-être Eléanora aurait dû rester à sa place. Ce n’était pas logique, mais une tragédie pouvait changer tellement de gens et de pensées.

Et ce que je craignais, était obligé de se passer. Bien sûr.

Soudainement, un homme sorti de la foule. Il était hystérique en voyant le cadavre. Une femme aurait pleuré, lui par contre, était fou de rage. Sa barbe, les cernes et les yeux qui avaient perdu leur malice au fur à mesure, indiquait qu’il était le plus âgé, le responsable. En voyant sa tristesse, son chagrin et sa rageur, j’eu pitié. Ces bras étaient serrés autour du corps sans vie dans son frère. Pendant quelques moments de silence, tout ce qu’il faisait était appuyez son front sur celui du benjamin. J’avais tourné mon regard vers la foule, pour voir leur réaction. On voyait clairement les réactions diverses.
Les mères couvraient les yeux de leurs bambins, tant que les plus âgés se mordaient sur les lèvres – en montrant qu’il était assez agile de voir tout ça. Il y a avait des gens excité, ou plutôt content de voir qu’il y avait quelque chose de nouveau qui se passait dans leur ville sinon banale et simple. Mais aussi des gens terrifié. Comme si j’avais la capacité de lire leurs pensées, je fut passer mes yeux sur le public. Est-ce que le meurtrier était encore entre eux ? Sûrement pas. Un meurtrier avec ce niveau d’expertise aurait déjà fuit la scène depuis un moment…

« Vous l'avez tué ! Vous avez tué mon frère ! C'est vous qui l'avez tué ! » L’homme qu’était tomber au côté de son frère me surpris. La rage était en lui, je ne le doutais pas, mais des telles accusations étaient ignobles ! « Elle l'a tué ! Démons ! Assassins de l'enfer ! »

Mauvais mot.

« Démons ? » répétais-je. « Et dans quel sens ? Je ne vois pas qu’est-ce qu’on à fait de mal. Ni moi, ni ma compagne. »

J’étais sincère. L’homme était abasourdit par l’évènement qui venait de se passer. Ca c’était sûr. Mais pourquoi perdre son sens de logique ?

« Elle était sur la scène, cher homme ! Vos yeux la voyaient quand elle jouait son tour ! Comment aurait-elle pu assassiner votre frère qui se trouvait hors de sa porté ? N’est-ce pas impossible ? Combien de témoins y-a-t-il ici, parmi nous ? Une centaine ? Des milliers ? Plus ? »

En affilant les questions, j’aperçus l’homme regagner sa raison. Mais il serait vite influencer par le reste du public. Si je trouvais quelqu’un d’autre… on pouvait éviter une racaille. Quelqu’un d’autre qui savait aider à faire raisonner cet Albertien. N’importe qui. C’est alors que mes yeux tombèrent sur la jeune fille, surnommé clown du cirque. La fille qui avait joué les tours avec Eléanora. Elle n’avait pas l’air d’avoir peur de défendre un innocent – et en étant sous les projecteurs lumineux tout comme Eléanora, elle devrait comprendre. Je cherchais à faire croiser nos regards, juste de manière qu’elle comprenne que je lui laissa la parole.

J’étais un démon, moi aussi, selon cet homme. Et je ne serais pas convaincre une audience de telle largeur, sans l’aide de quelqu’un qui était en dehors de tout ça.

" Arrête, ne fait pas ça. En quoi ça arrangerait les choses ?! Ne gâche pas la soirée ! Ça ne fera pas revenir ton frère, non c'est pas comme ça que tu le retrouveras ... "

Mais qu'en savait-elle bon sang ?! Je me demandais encore pourquoi j'étais venu, tout en maudissant ma faiblesse, a cause de laquelle j'avais rencontré cette fille. Je me forçai à me rasseoir, regardant d'un oeil distrait le spectacle. Je n'écoutai pas ce que disait Éléanora ni même ce que disait la clown sur scène. Une seule pensée m'obsédait : Shiro ! Si Éléanora était là, lui aussi ! Je le cherchai du regard, scrutant la salle, sans le trouver. J'eus un soupir de déception. Puis, je vis une masse tomber du haut d'un mât. Aussitôt, Éléanora se précipita et s'accroupit. Que s'était-il passé ? Un mort ? Ca arrivait évidement quand j'étais présent ! A l'instant, je me dis que l'Assassine devait se dire la même chose, et à cette idée, je riai. Je quittai ma place, tout en intimant à Marjorie de rester là et de m'attendre. Non, je n'étais pas très galant, mais j'étais un Assassin que Diable !
Arrivé sur les lieux, je restai quelque peu en recul, afin d'analyser la situation. Éléanora était toujours auprès du corps. Mais ... Shiro ! Il était avec elle ! D'un mouvement instinctif, je failli me précipiter en avant. Mais je n'en fis rien. Vu la façon dont il m'avait traité, dont ILS m'avaient traité, je n'allais pas me rabaisser à nouveau à leur niveau. Aussi, je pris quelques secondes, isolant mon esprit des hurlements qui retentissaient.

J'avais pris ma décision. Je m'avançai vers eux, me campai à côté de ces deux Assassins et déclarai d'une voix que j'espérai la plus neutre possible :

" Tiens donc, un mort ... Comme ca doit vous changer ! "

Et je plantai mon regard dans celui de Shiro ...

La clown restait dans son délire de cirque. Comme si rien ne c’était passer, elle continuait son spectacle. Une manière particulière que je n’aurais sûrement pas pensée à utiliser moi-même, mais c’était efficace. Les visages se relaxèrent. J’étais positivement sûr qu’ils n’avaient pas compris grande chose, mais la voix de la jeune fille les avait calmés. Quelques gens avaient décidé de partir, leurs soirées ruinées par les circonstances présentes, mais la plupart de l’audience étaient encore parmi nous. On était une petite quarantaine à contourné le mort. D’autres s’étaient retirer de la scène sanglante et avaient repris leur place dans l’amphithéâtre. Je me demandais pourquoi. Croyaient-ils vraiment que la règle générale du commerce de la détente valait encore dans des cas ainsi ? Incroyable, mais sûrement.

C’était presque comique à voir qu’aucun – c’est généralisé, mais très correcte – Albertien faisait part de ces gens. C’était des voyageurs, des gardes ou des étrangers. Clairement Alberta n’avait pas l’habitude de voir des meurtres. Logique. Ce n’était qu’une petite ville de poissonniers tout de même.
Certes, cette petite ville avait causé de nombreux problèmes à notre arrivé. Ca faisait que trois, quatre jours qu’on était ici, mais les événements étranges s’étalèrent. La fille qui travaillait dans la famille de la bourgeoisie avait soi-disant été maltraité, l’aubergiste qui avait commencé un premier pas envers une révolte (et qui nous a bannit de son auberge – j’ignorais toujours pourquoi il avait perdu son calme. C’était tellement incompréhensible.), la rencontre avec le garçon qui croyait être un Assassin et qui pourrait éventuellement être mon frère, et puis aujourd’hui – en croyant étant arrivé dans un lieu de détente – un meurtre. C’était épatant de voir une ville ainsi calme et paisible, se transformer en lieu de chaos. Etait-ce-nous qui avait causé tous ces troubles ? Où est-ce que c’était juste une mauvaise coïncidence que tout ceci se passe depuis notre arrivé ? J’étais à ma limite. Je ne savais pas et il n’y avait pas de moyen de savoir.

Le désire d’avoir des maux de tête étaient loin, donc j’arrêta mes pensées compliquées. J’aurais pus prévoir qu’un nouvel évènement était près à se passer.

Quelqu’un qui avait été le centre de mes pensées très récemment, monta après de nous. Dalaïr. Bien sûr. Comme si on ne s’amusait pas encore assez avec les problèmes dans la ville à présent, il immergea avec un air qui ne ressemblait pas à celui que j’avais vu la première fois. Pas un fardeau, plutôt un garçon invisible qui cherchait à être vu.

« Tiens donc, un mort... Comme ça doit vous changer ! »

Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire par-là, mais c’était sûrement un faible essai à un début de conversation. Il essayait de s’introduire entre nous, pour une raison qui ne m’était pas encore clair. N’avait-il donc pas encore abandonné l’idée d’être un Assassin ? Sa vie avait été un mensonge. Je refusais de le croire, mais j’avais été tort la fois passée, ce qui était une chose qui m’embêtait encore. Ma réaction avait été basée sur mes émotions. Quelque chose d’inacceptable pour un Assassin, et je comptais bien à me corriger.

« Bonsoir Dalaïr. Tu nous rapportes tes nouvelles ? » dis-je en ignorant son regard rebel.

Mieux vaut être calme, qu’irrité, non ?

Il n'y eut aucun éclat de voix comme je le pensais.

" Bonsoir Dalaïr. Tu nous rapportes tes nouvelles ? "

Je restai intérieurement ébahi par le sang-froid de mon frère. Lui qui m'avait rejeté, il s'adressait à moi avec un tel calme ... C'en était presque louche ... Je pensai rapidement à ce que j'allais répondre. En réfléchissant, mon oeil tomba sur le cadavre. En effet, il était tombé bien bas ! J'eus un petit rire.

" Les nouvelles sont apparement mauvaises, mon frère. Il y a un mort étendu sur le sol. Néanmoins, voyez le côté positif : Il ne tombera pas plus bas ! "

Bien que je me doutais que mon trait d'humour assez morbide ne serait apprécié de ces Assassins, je n'avais pu m'empêcher de répondre ceci. Je soupirai un petit coup et repris un air impassible, ou du moins, j'essayais.

" Alors, avez-vous une idée quand à l'identité du coupable ? Des Assassins tels que vous ... "

Et je fixai Shiro droit dans les yeux, presque avec un air de défi. Puis tournai la tête vers Éléanora :

" Tu as une chose qui m'appartient je crois ! "

Comme je l'avais espéré, Shiro pris les choses en main. Il me justifia sans difficultés ; il excellait au maniement des mots. Mais vite, une gêne s'installa. Il pouvait me défendre, mais il ne pouvait pas s'auto-blanchir sans être contredit, d'une manière ou d'une autre. Je détestai les jeux de langage, ses règles et ses sous-entendus qui décidaient du tournant d'une conversation... auxquels je ne connaissais rien. Par contre, le langage oculaire n'avait aucun secret pour moi ; et je ne ratai rien du sens de leurs regards. Shiro avait trouvé sa béquille, et la clown se révèlerai être digne de ses espérances. Ça se voyait dans ses yeux.

Surprenante gamine. Elle retourna la situation avec tellement de tact, et la rendu tellement tordue, que personne n'osa la contredire, ni même le frère du défunt. Je n'avais absolument rien compris à sa tirade, mais peu m'importait : le résultat y était. Les masques acharnés des spectateurs se transformèrent en moues hésitantes, puis en incompréhension pure. Seuls quelques forains, dont les plus âgés et les responsables, restèrent consternés et concentrés sur les évènements.

Après sa prise de position, la jeune clown enjamba agilement le corps et se plaça près de nous, comme pour former deux camps bien distincts : séparés par le corps de l'éclairagiste, la cause de tout ce remue ménage. J'essayai de percer l'expression de la fille, mais c'était une bonne comédienne. Je croyais y voir un soupçon de satisfaction personnelle, peut-être mêlée d'insécurité... bien qu'à la surface, il n'y avait qu'un visage décidé, presque entièrement sous contrôle. Mais j'ignorais si c'était le masque ou son revers. Peut-être un peu des deux. Je croyais commencer à cerner la personnage quand elle s'abaissa pour ramasser le poignard qui m'avait échappé quelques minutes plus tôt. Là... elle bluffait. C'était la seule explication logique qui me vint à l'esprit. Par contre, bluffer sur l'arme du crime dans une situation pareille n'était peut-être pas la meilleure chose à faire... à mon avis.

Or, avant que quiconque ne puisse relever l'acte de la clown, un autre élément vint perturber notre reprise en main de la situation. Un autre gamin auquel je portai franchement moins d'estime. Dalaïr. J'aurais été contente de ne plus jamais le revoir, or, j'avais bien su qu'il ressurgirait tôt ou tard. Cette race de microbes n'en démordait pas vite... surtout lorsque sa vie n'a plus aucun sens. Pauvre chose. Une expression particulièrement fière illuminait son visage. Voilà qui ne me disait rien qui vaille...

" Tiens donc, un mort... Comme ça doit vous changer ! " déclama-t-il, sa voix accompagnée d'un timbre d'auto-satisfaction à peine perceptible.

Le rat ! Ma main droite se serra imperceptiblement autour du poignard qui pendait à ma taille. Il avait porté un coup bas... moi, je lui aurais bien porté un coup tout court ! D'accord, Shiro n'avait pas été tendre avec lui... mais il avait mérité la correction que je lui avais infligé, ainsi que la honte de perdre son statut. Sentant mon sang bouillir et chatouiller le bout de mes doigts, je serrai les dents. Je ne pouvais pas lui répondre dans cet état, ainsi gardai-je encore une fois mon profil bas au profit de Shiro.

" Bonsoir Dalaïr. Tu nous rapportes tes nouvelles ? " dit celui-ci.

Son sang-froid m'épatait, et ce n'était pas la première fois. Pire, il m'irritait... comment pouvait-il être si peu touché par l'intervention de son fr- cette ordure ? Un fin rire lui échappa :

" Les nouvelles sont apparemment mauvaises, mon frère. Il y a un mort étendu sur le sol. Néanmoins, voyez le côté positif : il ne tombera pas plus bas ! "

Personne ne rit à sa remarque. Je laissai mon regard parcourir la foule : les pauvres étaient perdus. D'abord la clown qui embrouillait tout le monde avec ses phrases pleines d'emphases et de comédie, puis ce gars sorti de nulle part qui venait faire son intéressant... Et je les comprenais tellement bien, sur ce coup là : Dalaïr aurait très bien pu rester dans son trou, ne serait-ce que pour la bienséance des spectateurs.

Dalaïr était troublé, je savais le lire sur son visage. Visiblement, il n'avait pas réfléchi à un plan au delà de sa simple intrusion supposée nous décontenancer. Il soupira, ne serait-ce que pour remplir le vide, puis se lança dans quelque phrase hasardeuse :

" Alors, avez-vous une idée quand à l'identité du coupable ? Des Assassins tels que vous-... "

" ...- devraient savoir reconnaître un gamin écervelé lorsqu'ils en voient un. " le coupai-je froidement. " C'est le cas. "

Je savais que Shiro aurait trouvé mieux à répondre, mais je n'avais su garder ma langue. Satanée langue. L'expression effrontée de Dalaïr s'évapora lorsque ses yeux lâchèrent Shiro, et se transforma en pure haine lorsqu'ils s'arrêtèrent sur moi. Il me transperça, ou, du moins, essaya. Je n'étais pas insensible à son émotion, mais il en fallait plus que ça pour m'affecter.

" Tu as une chose qui m'appartient je crois ! " cracha-t-il après un bref silence.

" Si c'est de ton identité que tu parles, ou, plus précisément, de la seule chose qui a un jour pu fait de toi quelqu'un de respectable, n'espère pas le recouvrer si facilement : si tu avais été un Assassin, tu aurais été tué pour un crime si infondé que celui que tu as pu commettre ici. "

Je laissai planer l'idée quelques secondes, juste le temps que les gens s'imprègnent de mes mots saccadés. Je repris :

" Bien que tu n'ais eu aucun maître pour t'enseigner, il me paraît pourtant évident qu'il est interdit - même pour un Assassin - de tuer pour se venger d'une personne en tentant de la faire accuser. "

La logique était de mon côté.

" Si c'est de ton identité que tu parles, ou, plus précisément, de la seule chose qui a un jour pu fait de toi quelqu'un de respectable, n'espère pas le recouvrer si facilement : si tu avais été un Assassin, tu aurais été tué pour un crime si infondé que celui que tu as pu commettre ici. "

Je restai hébai pendant quelques secondes, sans pour autant le montrer, du moins l'espérais-je. Venait-elle de m'accuser, MOI, d'avoir tué cet homme ? Elle devait plaisanter, oui, cela ne pouvait être que ça. Comment pouvait-elle penser ? Comment même pouvait-elle imaginer que j'aurais tué un homme inconnu juste par vengeance ? J'étais révolté et m'apprêtai à répondre mais l'Assassin reprit la parole :

" Bien que tu n'ais eu aucun maître pour t'enseigner, il me paraît pourtant évident qu'il est interdit - même pour un Assassin - de tuer pour se venger d'une personne en tentant de la faire accuser. "

Cette fois, c'était certain : elle me croyait coupable de la mort de l'homme qui gisait au sol. Une sourde colère s'empara de moi et je crachai avec le plus de mépris possible :

" Me croirais-tu coupable Éléanora ? Si tel est le cas, laisse-moi te dire que tu te trompes lourdement. J'ai été Assassin, je SUIS Assassin, même si, comme tu l'as dis, je n'ai pas la Morale que tu prétends avoir, je ne tue pas n'importe qui pour rien, encore moins par vengeance ! Tu ne me connais pas, comment oses-tu me juger ? Tu ne vaux pas mieux que moi, car j'ai trimé comme une bête pour parvenir ici, et je n'ai rien reçu en récompense. Comment es-tu devenue Assassin, en volant une écharpe et des dagues ? Contrairement à ce que tu penses, ce n'est pas mon cas ! "

Mes mots avaient dépassé ma pensée, comme toujours, mais je ne m'excusai pas. Je ne m'excusai jamais - ou presque. J'haletai un peu sous le coup de la colère, reprenant doucement mon souffle. J'écartai les pans de ma tenue pour lui montrer mes deux dagues dans leurs fourreaux.

" Penses-tu que je prendrais le risque de perdre de telles merveilles par venegance ? Je n'ai pas tué cet homme. Poses-toi donc la question : Qui d'autre l'a fait ? Et pourquoi ? "

Et je lui décochai un regard meutrier ...

« Les nouvelles sont apparemment mauvaises, mon frère. Il y a un mort étendu sur le sol. Néanmoins, voyez le côté positif : Il ne tombera pas plus bas ! »

Un battement des yeux était pas vitement négligé. Quel humour pourri ! Que voyais-t-il par là ? Un moyen de tirer l’attention avec sa blague mal placé ? Même si j’ignorais encore pourquoi Isaac avait été poignardé, le respect qu’on montre un mort (même si c’est un ennemi), était quelque chose à quoi je tenais. Pas obligé de montrer du chagrin, mais lui accordé la dignité qu’il avait perdu en étant tué par un anonyme brutal, était la moindre chose qu’on puisse faire. En rabaissent un autre être humain de cette manière, ça montrait clairement la qualité de cet homme. Enfin… plutôt gamin en le voyant.

« Alors, avez-vous une idée quand à l'identité du coupable ? Des Assassins tels que vous– … »

« ... –devraient savoir reconnaître un gamin écervelé lorsqu'ils en voient un. C'est le cas. »

Mon poing cachait le sourire qui m’était venu au lèvres. Eléanora était si retiré, mais si indiscrète. Je sentais son irritation jusqu’ici. Une grande zone de sentiments qui traversaient l’air et m’arrivait de tout près. Oh, qu’est-ce qu’elle était irrité.

« Tu as une chose qui m'appartient je crois ! »

*Mon Dieu, bonhomme, laisse tomber cet écharpe* pensais-je. Le plus qu’il le voulait, le moins mon désire était là de lui accordé l’accomplissement de son désire. Je voulais ouvrir ma bouche, empêché Eléanora de dire quelque chose qui le ferait pleurer, mais elle était trop vite. Sa langue était imbattable.

« Si c'est de ton identité que tu parles, ou, plus précisément, de la seule chose qui a un jour pu fait de toi quelqu'un de respectable, n'espère pas le recouvrer si facilement : si tu avais été un Assassin, tu aurais été tué pour un crime si infondé que celui que tu as pu commettre ici. Bien que tu n'ais eu aucun maître pour t'enseigner, il me paraît pourtant évident qu'il est interdit - même pour un Assassin - de tuer pour se venger d'une personne en tentant de la faire accuser. »

Je levais mon bras pour indiquer quelques fautes, mais j’ai dû le baissé quelques secondes après. Dalaïr m’avais coupé la parole. Seule un : « En fait– » avait put sortir.

« Me croirais-tu coupable Éléanora ? » Tiens donc… d’où sortait cela ? Avait-il pas compris l’intention d’Eléanora en l’accusant ? Je doutais qu’elle l’accusait vraiment. C’était pas logique et elle le savait. Il aurait dû comprendre aussi. « Si tel est le cas, laisse-moi te dire que tu te trompes lourdement. » Mais non. Il ne l’avait pas compris. « J'ai été Assassin, je SUIS Assassin, même si, comme tu l'as dis, je n'ai pas la Morale que tu prétends avoir, je ne tue pas n'importe qui pour rien, encore moins par vengeance ! Tu ne me connais pas, comment oses-tu me juger ? Tu ne vaux pas mieux que moi, car j'ai trimé comme une bête pour parvenir ici, et je n'ai rien reçu en récompense. Comment es-tu devenue Assassin, en volant une écharpe et des dagues ? Contrairement à ce que tu penses, ce n'est pas mon cas ! Penses-tu que je prendrais le risque de perdre de telles merveilles par vengeance ? Je n'ai pas tué cet homme. Poses-toi donc la question : Qui d'autre l'a fait ? Et pourquoi ? »

Je soupirais d’un lourd coup. Assassin si, Assassin sa ! Il ne savait que râler, ce petit ! Je doutais que mes parents l’auraient élevés. Je doutais qu’il avait été élevé tout court, pour être exact. Son arrogance et sa naïveté commencèrent à m’énervé. En montrant ces dagues, il croyait nous impressionné, mais en fait, tous ce qu’il montrait c’est qu’il était débutant, pas entraîné, qu’il ne connaissait pas les règles de discrétions et qu’il était encore très jeune et trop fière. Pas valable d’être un Assassin du tout.

« As-tu donc quelque chose à proposer ? » lui demandais-je. « Tu sembles tout savoir… »

" As-tu donc quelque chose à proposer ? Tu sembles tout savoir… "

Je mis un certain temps à comprendre que c'était Shiro qui avait parlé. Je tournai la tête pour le regarder. Tant de temps passé à le chercher. A nouveau une vague de tristesse m'envahit mais je me devais de la repousser. Ce que je fis avec beaucoup de talent. Je ne devais montrer aucun sentiment trop fort en présence des deux Assassins. Shiro ne me croyait pas et Éléanora me toisait avec mépris dès que ces yeux tombaient sur moi. Je pris une grande bouffée d'air. Je cherchai rapidement une réponse appropriée à donner à Shiro. Puis elle vint toute seule :

" Je ne sais pas tout, mon frère. C'est pourquoi je voudrais récupérer mon écharpe et me mettre en quête d'un Maître. Aussi ... ". Je me tournai vers Éléanora " ... j'aimerais que tu me la rendes. "

Qu'avais-je dis ? Ma langue avait été plus rapide que ma pensée. Je ne voulais aucun Maître, et je ne savais pas pourquoi j'avais dis cela. J'allais devoir corriger cette erreur. Et m*rde, je détestais reconnaître mes erreurs. Je baissai la tête puis la relevai d'un mouvement brusque.
A grand-peine, je forumlai ces mots, mes lèvres tentant de les garder dans ma bouche.

" Excusez-moi, mes mots ont été trop rapides. Je ne vous cacherais pas le fait que je ne veux pas de Maître. J'apprend seul, et cela me convient. Je pense être le seul à faire cela, bien que ..." je restai pensif deux secondes. " ... je ne puis m'empêcher de me demander : Avez-vous eu un Maitre, tout les deux ? "

Je sentai que ces mots-là aussi étaient de trop, et que j'allais goûter à l'amertume de les avoir prononcés ...

« Je ne sais pas tout, mon frère. C'est pourquoi je voudrais récupérer mon écharpe et me mettre en quête d'un Maître. Aussi j'aimerais que tu me la rendes. » Ces derniers mots ne m’étaient plus adressés à moi, mais à Eléanora. Elle n’avait pas l’air d’avoir l’intention de faire quoi que ce soit. Et je la donnais fortement raison.

Il était incroyable ce petit ! Je me demandais où Eléanora avait trouvé la patience de converser avec lui à leur première rencontre. C’était impossible d’être raisonnable avec un tel têtu ! Têtu comme une mule, ce sac à puces. L’irritation me remontait jusque là – étant donner que là était beaucoup plus haut que mes 1m 84.
S’il faisait son malin, il aurait au moins pu répondre ma question avec dignité. Pas que j’avais vraiment espéré entendre une vraie réponse. Il avait besoin d’attention, ce gamin, c’était tout.

En plus, ce qu’il avait dit n’avait aucun sens. S’il s’aurait enseigner avant d’accepter qu’il soit un Assassin comme-ci, comme-ça – il aurait su qu’il était nécessaire d’être entraîné avant de postuler pour une vie compliquée comme la nôtre. Clairement, il n’en avait aucune idée. Dalaïr était une honte pour notre Guilde, et ça m’énervait vraiment.

Les gamins prétentieux comme lui ne méritaient même pas nos regards.

« Excusez-moi, mes mots ont été trop rapides. Je ne vous cacherais pas le fait que je ne veux pas de Maître. J'apprends seul, et cela me convient. Je pense être le seul à faire cela, bien que... » il pausa. « ...je ne puis m'empêcher de me demander : Avez-vous eu un Maître, tous les deux ? »

Ah d’accord. C’était sûr. Il était handicapé mental.

Il, le Grand Dalaïr, croyais pouvoir s’enseigner lui-même ? Ce petit gamin qui faisait une tête moins que moi ? (S’il était vraiment lié à moi, il avait au moins eu la grande taille comme trait familiale). Hah ! J’avais presque fais échapper un rire, mais j’ai su me retenir à la dernière seconde. Le résultat n’était pas plus élégant, mais au moins, j’avais pas ris.

Je lâchais ma dague que j’avais tenue avec une force invraisemblable pendant mes pensées désagréables et soupirais d’un petit coup avec un sourire aux lèvres. Si je m’étais vu, j’aurais aperçu que je ressemblais plus à un père qui allait donner une fessé à son gamin, qu’à un Assassin énervé par un ados.

Avec une détermination incroyable, je marchais vers lui et avant qu’il puisse se retourner vers moi, je lui donnais un coup dans le dos. Je lui avais sûrement pris par surprise, en le voyant bondissant par terre. Certes, je ne regrettais pas mes actions cette fois-ci.

« Pourrais-tu perdre ton attitude prétentieuse pour quelques minutes, et m’écouter sans parler de ton écharpe qui ne t’appartenais pas en premier lieu, s’il te plaît ? » demandais-je avec une conscience pure et non-fâché.

Si les spectateurs de tout à l’heure ne s’étaient pas déjà disperser sur le terrain et dans leur ville, je ne l’aurais sûrement pas pousser par terre, mais apparemment c’était la seule manière de le faire taire. Ca avait bien marché dans le passé…

« J’ignore toujours ce qu’il te prend de nous parler ainsi, mais sache que c’est très dangereux. Je ne doute pas tes talents, mais tu as encore un long chemin à faire – et tu ne seras jamais le parcourir tout seul. Tu es beaucoup trop fière, trop têtu et surtout pas assez mûr. Tu as de la chance qu’on est de bonne humeur. Si ce n’était pas pour le spectacle qu’on a vu aujourd’hui, t’aurais pu être l’homme qui se trouve à tes côtés. » disais-je en indiquant Isaac en levant mon bras. Pourtant j’avais menti. Je n’aurais pas fais de mal à Dalaïr, n’étais-ce pas seulement pour le fait qu’il n’abandonnait pas. Je soupirais encore une fois : « Eléanora. Que veux-tu qu’on fasse de lui ? »

J'espérais beaucoup pouvoir faire un petit effet en retournant l'avis de la majorité contre ce poux, mais visiblement, ma prestance ne faisait pas de cadeaux. Je n'étais pas une grande oratrice, ça, c'était un fait. J'espérais au moins être capable de communiquer quelconque idée grâce à un sous-entendu. Raté. Quoique l'aspirant était peut-être trop stupide pour comprendre. Non, ce n'était pas ça, car personne d'autre ne releva. Dommage. Au moins, j'aurais tenté d'éduquer la fripouille. Le petit devrait vraiment apprendre à baisser la nuque, un jour. Histoire de survie.

" En fait-... " commença Shiro.

" Me croirais-tu coupable Éléanora ? " le coupa Dalaïr en essayant de se donner de la contenance en me foudroyant du regard. Peu m'importait, j'étais juste déçue que Shiro n'ait pas été assez rapide pour me donner son appui avant que l'autre demi-portion ne recommence avec ses tirades. " Si tel est le cas, laisse-moi te dire que tu te trompes lourdement. " J'avais envie de me pendre. " J'ai été Assassin, je SUIS Assassin, même si, comme tu l'as dis, je n'ai pas la Morale que tu prétends avoir, je ne tue pas n'importe qui pour rien, encore moins par vengeance ! Tu ne me connais pas, comment oses-tu me juger ? Tu ne vaux pas mieux que moi, car j'ai trimé comme une bête pour parvenir ici, et je n'ai rien reçu en récompense. Comment es-tu devenue Assassin, en volant une écharpe et des dagues ? Contrairement à ce que tu penses, ce n'est pas mon cas ! Penses-tu que je prendrais le risque de perdre de telles merveilles par vengeance ? Je n'ai pas tué cet homme. Poses-toi donc la question : qui d'autre l'a fait ? Et pourquoi ? "

Je n'avais pas le courage de tenter une fois de plus de le raisonner. Simplement l'écouter fatiguait plus qu'il n'était possible de l'imaginer. Shiro prit la relève, non sans avoir lourdement soupiré au préalable :

" As-tu donc quelque chose à proposer ? Tu sembles tout savoir… "

L'exaspération était palpable dans sa voix.

" Je ne sais pas tout, mon frère. " Je serrai les dents et les poings en réponse à son arrogance, une fois de plus. " C'est pourquoi je voudrais récupérer mon écharpe et me mettre en quête d'un Maître. Aussi-... " Il revint vers moi. " ... j'aimerais que tu me la rendes. "

Haha ! On avait, faute de mieux, au moins réussi a convaincre l'aspirant qu'il était utile d'avoir un Maître. Le pauvre avait juste compris les choses à l'envers.

" En fait, il faudrait que tu trouves un Maître avant de recevoir-... " tentai-je, un brin d'amusement dans la voix.

" Excusez-moi, mes mots ont été trop rapides. Je ne vous cacherais pas le fait que je ne veux pas de Maître. J'apprends seul, et cela me convient. Je pense être le seul à faire cela, bien que-... je ne puis m'empêcher de me demander : avez-vous eu un Maître, tous les deux ? "

C'est en entendant cette question que je réalisais quelque chose : le petit savait-il seulement qui son possible - probable - frère était ? Avait-il entendu parler des débuts des Assassins ? De la création de la Guilde ? De la définition de la Morale ? Normalement, les Maîtres racontaient notre histoire aux Apprentis, parce qu'ils jugeaient cela important, ils jugeaient que ça sacralisait un peu l'apprentissage, ils aimaient faire de nous des mythes. Dalaïr n'avait jamais eu de maître. Peut-être n'avait-il même jamais été dit ce qu'un Assassin était, en cause. L'énormité de son ignorance me frappa plus fort que ce que j'aurais pu le croire. Shiro était un mythe pour beaucoup. Shiro et sa mystérieuse compagne de route... et il n'en savait peut-être rien. Rien du tout. Sa réaction nous l'avait assez prouvé.

Shiro dût se retenir de rire face aux explications de Dalaïr, et se détendit. Un sourire en coin bordait ses lèvres, mais son expression avait quelque chose de fausse. Elle dégageait une profondeur, une double face. Son sourire et sa détente n'avaient été que les précurseurs d'une pensée plus profonde qui... faisait briller dans ses yeux une flamme noire.

Il se précipita en avant, et gratifia le garçon d'une bonne correction. Le purotin avait été frappé au milieu du dos, avec une force-... qu'il faut bien avouer être peu commune. Il aurait probablement des difficultés à respirer pendant une fraction de minute, sans y ajouter le délai qu'impliquait la surprise. Shiro profita de cet avantage pour lui faire regretter ses mots :

" Pourrais-tu perdre ton attitude prétentieuse pendant quelques minutes, et m’écouter sans parler de ton écharpe qui ne t’appartenait déjà pas en premier lieu, s’il te plaît ? "

Sa voix était posée, presque douce, mais je savais que ses yeux étaient sévères, durs.

" J’ignore toujours ce qu’il te prend de nous parler ainsi, mais sache que c’est très dangereux. Je ne doute pas tes talents, mais tu as encore un long chemin à faire – et tu ne sauras jamais le parcourir tout seul. Tu es beaucoup trop fière, trop têtu et surtout trop immature. Tu as de la chance qu’on est dans un bon jour. Si ce n’était pour le spectacle qu’on a vu aujourd’hui, tu aurais pu être l’homme qui se trouve à tes côtés. "

Là, sa voix s'était endurcie considérablement, et je reconnaissais le Shiro menaçant que j'avais pu voir à l'œuvre dans certaines situations, souvent déjà assez reculées de notre histoire. J'admirai encore une fois son contrôle : il avait beau menacer, il avait beau être effrayant, dur, sans appel... il ne faisait rien qu'il ne contrôlasse. Il jaugeait avec précision son intonation, le poids de ses mots, ses pauses, ... et en résultait un rendu impeccable. Un frisson parcouru les derniers spectateurs - pour la plupart membres de la CIL - alors qu'une lueur de fierté, mêlée de passion, traversa mes yeux.

Il finit malgré tout par se redresser en soupirant. Il n'avait pas envie d'embarquer dans une épreuve de force, ni d'avoir à prouver ses mots. D'une manière très détachée, il m'apostropha :

" Eléanora. Que veux-tu qu’on fasse de lui ? "

Mon regard tomba sur Dalaïr, toujours au sol. Ce serait à lui de décider de par son attitude. Si Shiro ne voulait pas avoir à assumer ce genre de décision, moi, je n'avais pas peur de faire ce qu'il y avait à faire pour que le nom de la Guilde soit défendu. Si ce genre de fouteur de trouble n'était pas redressé... il devait être éliminé. Au nom des Assassins.