Représentation du CIL [en cours]

Un geste. Un seul geste changea tout. Juste une fraction de secondes, je sentis un cheval me passer dans le dos. Je tombai au sol, prenant soin de mettre mes bras en avant, afin de ne pas me cogner la tête. Shiro m'avait frappé. Dans le dos. Il m'avait réellement frappé. Mon propre frère. C'en était trop ! Des torrents de haine, de tristesse, d'amertume, de défaite, mais surtout de peur, s'emparèrent de moi. Shiro était capable de mettre fin à mes jours. Peut-être bien sans une once de regret. Je toussottai discrètement, sans qu'ils puissent l'entendre. Shiro possédait une force hors du commun. Qu'allais-je faire ?

" Pourrais-tu perdre ton attitude prétentieuse pendant quelques minutes, et m’écouter sans parler de ton écharpe qui ne t’appartenait déjà pas en premier lieu, s’il te plaît ? J’ignore toujours ce qu’il te prend de nous parler ainsi, mais sache que c’est très dangereux. Je ne doute pas tes talents, mais tu as encore un long chemin à faire – et tu ne sauras jamais le parcourir tout seul. Tu es beaucoup trop fière, trop têtu et surtout trop immature. Tu as de la chance qu’on est dans un bon jour. Si ce n’était pour le spectacle qu’on a vu aujourd’hui, tu aurais pu être l’homme qui se trouve à tes côtés. "

Je n'avais pas parlé, j'avais écouté tout sa tirade sans broncher. Je réalisai alors que je devais offrir un spectacle désolant, pitoyable même. Je me relevai, non sans quelques difficultés. Je me retournai, faisant face de nouveau aux Assassins. Éléanora me toisait avec haine, puis Shiro parla :

" Eléanora. Que veux-tu qu’on fasse de lui ? "

Il me haïssait. Je venais de le comprendre. En quelques seconde, j'avais compris que j'avais été trop loin. Peut-être pas consciemment mais tout de même. En fait non, je ne me voilais pas la face. Je l'avais fait en toute conscience, en espérant me montrer assez ferme pour me faire accepter. Ils allaient décider de ce qu'ils allaient faire de moi. Moi, Dalaïr Dagher. Je ne pouvais rien faire, si ce n'était ... Mais non, je ne le pouvais. Je ne pouvais me résoudre à retomber à genoux. Mais autrement, ils allaient me tuer, je le savais. Des larmes de colère obscurcirent ma vision. Il était trop tard pour rattraper le temps perdu, mais je me devais de descendre de mon piédestral. Pour la première fois, je parlais calmement. Véritablement. Sans aucune trace de sarcasme, de colère ou de quelque autre sentiment.

" Nous y voilà. Je sais que tu veux me tuer, Éléanora. Ca va te surprendre mais je te comprend. Mais tu ne peux savoir ce que j'ai enduré afin de retrouver mon frère. - Je me tournai vers Shiro - afin de TE retrouver. J'ai conscience d'avoir agi stupidement, d'avoir été arrogant, et croyez-moi ou pas, mais je m'en excuse. Tout ce que je cherchais, c'était quelque chose à faire de ma vie. Mais c'est à toi, Shiro, de décider si tu veux y mettre fin "

Je laissais tomber mes dagues, dans un silence assourdissant, je me préparai à leur réponse. Je l'accepterais, quel qu'elle soit. Je me rendai bien compte que tout ce que je venais de dire et de faire était contraires à tous mes principes. Mais ici, il n'était plus question de fierté ou d'Assassin. Il était question de ma vie. Et malgré tout, malgré cet instinct de survie, je me livrai à eux. Avais-je fait le bon choix ? Il était permi d'en douter ...

[Next : Eléanora]

Spoiler:

Lima sembla sortir d'un rêve éveillé. Pendant une fraction de seconde lle n'avait plus était la clown du CIL attitrée, prête à faire des cabrioles pour une piécette du client. Non, pendant un laps de temps relativement court elle avait juste été Lima London, gamine de 16 ans passés tout juste qui contemplait la mort dans les yeux d'un homme à l'âge de la chopine. Comprendre par là qu'au-delà des rires, des faux-semblants, des sourires, Lime était fragile plus qu'elle ne voulait le croire. Certains diraient que c'est une fille et que tout s'explique, d'autres racontent que c'est à cause de son père qui est parti du jour au lendemain sans explications à sa progéniture. Lime ne l'explique pas, elle. Elle ressent sa différence, la peine immense qui se fait une trouée dans son coeur pour y trouver la larme qui coulera bientôt. Mais rassérénée sa Conscience lui hurle que le spectacle n'est pas fini. Sa Raison la débine, répéte que les spectateurs n'ont plus rien à faire d'un numéro de clown à cette heure. Qu'importe, Lima London se rappelle sa mère :"Tant que le dernier client n'est pas parti, souffre en silence et souris surtout !" [[Allusion à Skip Beat! de Yoshiki Nakamura]]

La brunette ravala donc des pleurs point encore formulés et resserra sa prise sur l'arme du crime. Il semblait que c'était la première fois qu'elle réalisait ce qu'elle tenait entre ses doigts pleins de sable. Une dague. Celle qui avait pris la vie d'Isaac Dublin. En hoquetant elle la fixa, interdite, ses yeux ne voyant rien ou plutôt, ne croyant plus voir. En y réfléchissant, elle pensa qu'elle avait voulu se saisir du plus proche objet sous le coup de l'émotion.

*Que tu es bête ! On ne s'avance pas sous les yeux d'un maccabé pour faire sa maligne ! Il y a d'autres moyens pour faire son travail dans les règles... Mais au fait, qu'est-ce qui se passe ?*

Hagarde la clown releva la tête, étant restée à observer la main crispée par la rigidité cadavérique d'Isaac. La dague pesait lourd dans sa petite main mais l'entrainement lui avait appris à supporter bien pire pour arriver où elle en était maintenant. Son pouce frotta machinalement contre les pierreries et autres enluminures du manche, s'attardant sur les creux et les reliefs. Du travail de joaillerie qu'on ne voyait jamais à l'oeuvre dans la région. Ou alors l'artisan était si bien caché qu'il ne vendait ses oeuvres au plus offrant que par le bouche-à-oreille et non le porte-à-porte. Pratique rare mais usitée dans le temps. Celui à qui appartenait l'arme était donc un collectionneur, un riche magnat qui avait chercher à dépenser son argent et tuer le temps... qui portait alors un nom. Isaac Dublin.

A cette fine constatation, Lima London dodelina de la tête pour lancer un regard tout autour d'elle. Calmés, la plupart des spectateurs prennaient la poudre d'escampette comme des escargots, en se réconfortant à demi-mots ou en lançant des regards obliques au cadavre, et donc par la même occasion à elle vu que Lime était la plus proche de lui. Rares étaient les curieux assez téméraires pour risquer leur peau à fréquenter la proximité d'une scène de crime. Quelques vénérables du CIL étaient montés sur la passerelle, là où habituellement se tenait la silhouette pataude d'Isaac. Sauf que ce soir ce n'était que des formes alourdies par l'âge qui se mouvaient à l'étage, jetant leurs ombres sur le sable comme de grands fantomes. Sombre présage qu'elle n'avait pas su écouter, Lima vit le chat noir de la voyante se couler entre les jambes d'un blondinet haut comme trois pommes.

Lima London le chasse d'une grimace et se remit sur ses jambes, époussetant son costume de scène. La dague, elle la juga un dernier moment avant de la glisser à sa ceinture. Elle s'en serait bien débarassée dans les mains de Kiliphane mais ce dernier était cloué dans sa roulotte depuis la veille à cause d'un mauvais virus contracté sans doute lors de leur dernière escale. Elle allait donc devoir faire sans leur directeur pour le moment. Mr Muscle lui adressa un long regard avant de s'éloigner avec ses condisciples, le pas trainant et l'oeil humide, recevant sans mot dire les gestes amicaux et de soutien qu'on lui prodiguait sur son passage.

Si la clown jeta un regard vers les trois adultes un peu plus loin, elle ne sut pas vraiment quoi faire d'eux. Son assistante de tout à l'heure, Eleanora qu'elle s'appelait alors, semblait lancer des éclairs dans l'air à destination d'un gars échevelé qui les avait rejoint, elle et son compère des gradins. A eux trois, l'animosité était de mise semble-t-il et les piques fusaient, de l'un vers l'autre, dans des allusions pas si allusives et finaudes que ça, comprises à demi-mot ou pas du tout. Lima, pour sa part, ne chercha même pas à comprendre. Moins encore lorsque le bras droit d'Eleanora (je ne sais pas si je respecte votre hiérarchie >_<") bouscula l'autre personne. Ce dernier ne devait pas s'y attendre car il s'écroula au sol grotesquement mais il n'y avait pas assez de monde pour oser en rire. Lima ne trouva pas ça drôle et considéra ces gens qui glaçaient l'atmosphère autour d'eux. Le message était clair :"Pas déranger, on s'occupe de tout alors laissez-nous le temps !"

*OK Moi je veux bien du moment que l'on me dit quoi faire par la suite... Je suis ouverte à toute proposition ! Des volontaires pour les séparer s'ils en viennent aux coups ? D'accord, je me tais dans ma tête*

Spoiler:

Depuis que Shiro s'était adressé à moi en me demandant que faire de Dalaïr, l'expression de ce dernier avait considérablement changée. Il avait craqué. Peut-être avait-il réalisé qu'il avait dépassé les bornes des limites* de notre tolérance. Peut-être avait-il seulement peur, et faisait-il semblant de soudainement reconnaître ses fautes. En tout cas, comme lorsqu'il était fier, comme lorsqu'ils était excité, comme lorsqu'il était triste, Dalaïr parlait lorsqu'il semblait avoir peur. Il parlait comme il parlait toujours : de manière irréfléchie et incohérente... et longtemps. Il parlait -

- trop longtemps là où quelques mots auraient été plus que suffisants.

" Nous y voilà. Je sais que tu veux me tuer, Éléanora. Et ça va te surprendre, mais je te comprends. Tu ne peux savoir ce que j'ai enduré afin de retrouver mon frère-... "

Il y avait malgré tout une différence remarquable entre ses tirades habituelles et ce qu'il venait de prononcer. Le ton. Son ton était... peut-être sincère. Pourtant, ses dires me semblaient aussi superficiels que s'ils avaient été tirés d'une de ces farces racontée dans les grandes villes. Et cela rendait son intention peu crédible. Pourtant, je m'aimais à croire que c'était vrai. Son regard était trop clair, et en son sein un désespoir trop évident pour être faux. Il regarda son frère ;

" ... afin de te retrouver. J'ai conscience d'avoir agi stupidement, d'avoir été arrogant, et croyez-moi ou pas, mais je m'en excuse. Tout ce que je cherchais, c'était quelque chose à faire de ma vie. Mais c'est à toi, Shiro, de décider si tu veux y mettre fin. "

Le garçon se trompait : le choix était mien, car Shiro avait déjà choisi. Mon ami doutait, ça se voyait tellement. Il doutait des affirmations de Dalaïr concernant leur possible lien de parenté, et ça l'avait affaibli. Il saurait toujours être sévère avec son possible cadet - le coup qu'il lui avait porté avait au moins prouvé cela - mais il ne lui infligerait rien dont il ne sache se relever... et hélas pour moi, la mort faisait partie de cette catégorie de punitions.

C'était d'ailleurs probablement pour cette raison qu'il m'avait demandé que faire de Dalaïr. Son état colérique devrait appeler à un geste agressif, alors que leur possible lien de sang l'appelait à la pitié, au pardon. Quel dilemne... idi*t. C'est en ce moment que je me fis la joyeuse réflexion que j'étais chanceuse de n'avoir de famille qui serait capable d'éveiller ce genre de sentiments instables et indignes en moi. J'ignorais qui était ma mère, ma mère ignorait qui j'étais, mon père ignorait mon existence et moi, je me garderais bien de lui apprendre mon identité; ainsi, la boucle et bouclée et tout va bien dans le meilleur des mondes. Et encore si, par un malheureux concours de circonstances, Dahr Nem en venait à apprendre que j'étais devenue une assassin redoutable et qu'il décidait de me retrouver, il se donnerait une belle occasion de goûter à mes talents.

Enfin peu importe, ce n'était pas le sujet. Donc, que faire du gamin ? Faute de pouvoir nous en débarrasser, j'aurais volontiers suggéré de lui couper la langue, histoire d'offrir quelques vacances bien méritées à nos têtes (quoique dans ce cas, l'aubergiste ne mériterait pas meilleur traitement), ou bien de le dépouiller jusqu'à la culotte pour que son égo retrouve une taille raisonnable - mais cela ne laisserait pas une impression des Assassins très noble auprès des quelques spectateurs encore présents. Ainsi, il faudrait trouver quelque chose de plus "présentable", et que mon cher compagnon accepterait d'accomplir sans trop hésiter.

Je jetai un rapide coup d'œil à Shiro, qui attendait en affichant un masque d'indifférence totale. Assez superficiel, alors que je savais qu'il n'était pas si indifférent. Surement serai-je la seule qu'il ne trompera pas. Alors que mon regard descendit sur Dalaïr, je savourais le silence. Tout le monde attendait. Tout le monde était pendu à mes lèvres, dans l'expectative la plus totale. Et c'était à moi de briser ce silence... ou de le faire durer aussi longtemps que je ne le souhaitasse.

" Laissons-le avoir à s'auto-supporter. Cette vie doit déjà être assez pénible pour qu'on n'eusse à lui infliger quelconque punition supplémentaire. " dis-je en fixant Dalaïr sans le voir. " Dégage ! " ajoutai-je en enfonçant mon regard dans le sien, embrumé de larmes.

Spoiler:

[Next : quiconque se trouvant concerné et ayant envie de répondre]

* à 1'08"

J'attendais. Silencieusement, résigné à accepter la sentence qui allait s'abattre sur moi. Mais au fond de moi, au fin-fond de mon être, une voix s'élevait et protestait contre cette reddition trop simple. J'essayais de rester calme, de faire taire cette voix.

" Laissons-le avoir à s'auto-supporter. Cette vie doit déjà être assez pénible pour qu'on n'eusse à lui infliger quelconque punition supplémentaire. "

Une flamme s'est allumée en moi, me brûlant les joues et le coeur. Non, ma fierté devait être défendue, au moins un tant soit peu. je laissai échapper un petit grognement de colère. Trop de sentiments contradictoires se livraient bataille en moi. Je ne devais pas céder à la colère, ça ne ferait qu'aggraver la situation. Mais en même temps, cette remarque tellement cassante m'avait blessé. Plus que ce que j'aurais pu penser. Je me relevais, les dents crispées, toujours en contenant ma colère, mélangée à mon désespoir.

" Que sais-tu de ma vie, Assassin ?! Tu m'as battu, ça prouve que - je déglutis difficilement - tu es meilleure que moi. Tu es avec Shiro, qui est devenu une sorte de mythe dans les légendes urbaines, ce qui expliquerait ton niveau. Donne-moi la possibilité de t'affronter à nouveau. Après, si tu gagnes, je m'en irais. "

J'avais encore beaucoup trop parlé, je m'en rendais compte. Néanmoins, je l'avais sur un ton assez calme, ce dont j'étais assez fier. Il ne me restait qu'à voir la réponse d'Éléanora. Ne sachant pas pourquoi, je redoutais en fait une nouvelle rencontre avec l'Assassin. Cependant, il ne me restait que cette solution pour seule chance. Je commençait déjà à transpirer, et ma respiration s'accélérait ...

Spoiler:

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